Ici et maintenant

Prenna James est arrivée de New York à l’âge de douze ans avec tout un groupe. Depuis, ils restent en circuit fermé, suivent des règles strictes, essaient de se fondre dans le décor sans attirer l’attention. Parce que Prenna et les siens n’arrivent pas d’une petite ville de province, mais bien d’un futur catastrophique. Mais quand l’adolescente rencontre Ethan James, sa volonté de ne pas avoir de contact avec le monde extérieur s’effrite et, à son contact, elle découvre que les dirigeants du projet lui cachent bien de choses...

Entre roman psychologique et thriller de science-fiction, Ici et maintenant offre aussi à ses lecteurs une grande histoire d’amour. La première partie est plus calme, plaçant le décor, alors que la deuxième est riche en rebondissements puisque Prenna prend son destin en main. Écrit avec un vocabulaire accessible et une prose fluide, le roman vise les lecteurs intermédiaires et avancés.

Mon avis

Les lectrices d’Ann Brashares sont nombreuses et pour cause, l’auteure ayant une plume agréable et efficace qui sait nous entrainer dans son univers. Elle sort toutefois ici de sa zone de confort, créant un suspens où futur et présent s’entrecroisent dans une histoire qui pourrait être liée au courant de la dystopie. Captivant, le début accroche le lecteur, mais outre l’intrigue, ce qui fait la force de ce texte c’est le souci porté aux détails, les petites phrases du quotidien qui se glissent dans l’aventure et rendent les personnages crédibles malgré la fiction.

Parce qu’on est ici en pleine fiction avec une vision apocalyptique de notre futur. Ce dernier, qu’Ann Brashares a imaginé rempli d’épidémies meurtrières et très sombre, est bien construit, crédible et terrifiant. avec Toutefois, comme l’action se passe plutôt dans le présent, on n’en a finalement qu’un vague aperçu, seulement suffisamment pour permettre au lecteur de faire des liens avec sa propre vie, de relativiser son quotidien et de réfléchir un peu à ses actions.

« Mais les gens d'ici ont une drôle de manière d'agir pour éviter le désastre. Ils organisent la journée mondiale de la planète et achètent des produits bio pour se donner bonne conscience. Comme s'il suffisait de porter des chaussettes en chanvre et de dormir dans des draps en coton produits sans pesticide pour y changer quelque chose. En revanche, personne ne s'attaque au plus important. Parce que ça leur coûterait trop. Personne n'est prêt a faire les sacrifices nécessaires. »

L'art de jouer avec le temps n'est pas aisé et il faut faire attention au jeu des répercussions, mais ici l’idée de futurs multiples vient ici donner une plus grande liberté à l’auteure qui n’a pas à jouer avec les codes de l’impact du présent sur le futur, puis sur le présent en retour. Il y a bien certaines ficelles un peu grosses, particulièrement à la fin, mais en général l’intrigue reste acceptable. J’aurais cependant aimé plus de scènes d’action. On sent parfois que l’auteure est plus à l’aise dans les relations interpersonnelles que dans l’action au sens de la poursuite et des scènes d’attaque, et  celles-ci sont finalement assez marginales malgré les nombreux rebondissements. Mais bon, la relation entre Prenna et Ethan a aussi son intérêt et cet amour impossible, interdit, est un fil conducteur efficace qui gardera le lecteur captif jusqu’à la toute fin ! 

Merci à Gallimard pour le roman!