Le Grand sault iroquois

 
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Jean-François Tremblay n'a pas vraiment aimé ce livre
Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant

Être nouveau dans une école secondaire et devoir s’intégrer est chose courante. C’est aussi l’histoire de Dylan, dans Le grand sault iroquois. Pour lui, l’adaptation requise n’est pas banale. L’adolescent qui vient d’emménager dans la grande Montréal avec sa mère a dû quitté son village autochtone où il connait tout le monde et où la solidarité entre tous les membres de la communauté prime. Heureusement, dans son immense nouvelle école, Dylan rencontre Hugo et Thomas, qui deviennent rapidement ses deux meilleurs amis. Grâce à la curiosité de ses deux acolytes, le jeune Iroquois commence à se questionner sur ses origines autochtones, en partie ignorées par sa génération et celle de ses parents. C’est pour cela qu’à l’été suivant, ìl invite ses amis à venir avec lui dans son village natal, afin d’avoir un contact privilégié avec les traditions mohawks. Mais lors d’une baignade nocturne improvisée, ils s’y retrouvent plongés jusqu’au cou,  un vortex temporel les emmenant dans un village iroquois d’avant l’arrivée des Européens en Amérique! Dylan a beau connaitre ses origines, l’aventure reste périlleuse!

Le voyage dans le temps vécu par les adolescents divise le roman en deux parties. En première moitié du livre, le lecteur suit la vie de jeunes dans un Montréal réaliste et contemporain (école, cellulaire, escalade et vacances estivales). Or, après ce voyage aux allures fantastiques, il se retrouve dans le passé historique. La coupure franche lui permet toutefois de comparer deux époques autour des thèmes de l’amitié, des origines, des autochtones et de l’importance de se souvenir.

Mon avis

J’ai vite embarqué dans Le grand sault iroquois. Dans le chapitre initial, les trois garçons étant au local de retenue, je m’attendais à une scène classique d’intimidation entre les anciens et le nouvel élève. Mais il n’en a rien été! Les adolescents en profitent plutôt pour développer une complicité amusante. Voilà, me suis-je dit, enfin un roman essentiellement positif sur l’adolescence et sur la force de l’amitié! Et il le demeure! Isabelle Larouche signe en effet un livre où les protagonistes agissent essentiellement bien, un roman où le personnage principal, Dylan, recherche son identité et s’ouvre à sa culture d’origine pour mieux comprendre le monde. Ça fait du bien!

Toutefois, je ne savais pas comment me préparer au grand saut temporel, dont je connaissais l’arrivée imminente par la quatrième de couverture. Allait-il être crédible? Ne serait-t-il qu’au sens figuré?... Après ma lecture, je me questionne toujours autant. Clairement, l’auteure souhaitait intégrer plusieurs références historiques sur les Mohawks dans son histoire. Cependant, j’ai trouvé le voyage dans le temps forcé. On passe d’une histoire réaliste à une histoire abracadabrante, comme dans les merveilleuses jumelles W, d’Alain M. Bergeron. Si certains se laissent aller facilement dans un univers soudain fantastique, cela en dérange aussi d’autres, qui décrochent alors. Par ailleurs, certains dialogues m’ont aussi semblé maladroits, car le lecteur peut sentir leur rôle davantage utilitaire que littéraire. Ces deux éléments permettent à l’auteure d’intégrer un maximum de références et de parler du passé au temps présent, tout en mettant en scène des personnages d’aujourd’hui, auxquels le lecteur peut plus facilement s’identifier, mais ça ne fonctionne pas toujours.

 

Il n’empêche que les références sur les autochtones sont des plus intéressantes pour le lecteur curieux par rapport aux premiers habitants des Amériques. Je pense entre autres au génocide culturel perpétré par le gouvernement canadien, qui fait présentement couler beaucoup d’encre,  et qu’Isabelle Larouche aborde. De plus, la rencontre entre les deux univers, passé et présent, occasionne des péripéties cocasses que celui qui n’a pas décroché pourra apprécier. Ajoutez à cela une dose d’action, et on obtient Le grand sault iroquois.

Les livres comme Le grand sault iroquois sont essentiels pour lutter contre les inégalités que vivent certains groupes – les autochtones, en l’occurrence – et pour contrer les préjugés simplistes qu’ils subissent. Avec l’aspect de bonté humaine qui s’en dégage, le roman possède une valeur indéniable. Il ne reste qu’à voir si le lecteur peut passer par-dessus un récit de fiction qu’on sent parfois instrumental. Cela n’a malheureusement pas été mon cas.

Merci aux éditions du Phoenix pour le roman!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Jean-François Tremblay le 2 juillet 2015.

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Le Grand sault iroquois
Isabelle Larouche
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