Extrait - Une simple histoire d'amour

 
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28 août 2015

Cet automne, Angèle Delaunois revient à la littérature pour adolescents avec un roman bien particulier publié chez Soulières éditeur. Inspirée de Lettre d'une inconnue de Stephan Zweig, l'histoire entraine le lecteur à travers un maelstrom d'émotions au fil du développement de la relation entre Noëlle et Erwan. Voici le premier chapitre, leur rencontre...

 

Une simple histoire d'amour

Chapitre 1

Il y a bien longtemps qu’on se connaît, toi et moi. Depuis toujours, ou presque. Les amours d’enfance ne pèsent que le poids d’une plume. Qui s’en soucie vraiment ? Qui se préoccupe de leur intensité ? De la joie et du chagrin qu’elles portent en elles ? Elles font sourire les adultes, mais les prennent-ils en compte lorsqu’il s’agit de planifier l’avenir ?

J’avais quatre ans et pas encore toutes mes dents. C’était la première fois que je quittais le cocon chaud de mon petit univers familial pour un monde inconnu qui me faisait peur. On venait tout juste de déménager à Montréal, dans cette grande ville où je ne connaissais personne. Papa venait d’obtenir une promotion, mais je n’étais pas sûre de comprendre ce que ça voulait dire. Pour moi, toute cette étrangeté était effrayante.

J’étais toute menue, avec des jambes et des bras grêles, une mince figure de fouine où de grands yeux bruns mangeaient la moitié de mes joues. La seule chose un peu remarquable de ma petite personne, c’était ma crinière de cheveux roux, longs et bouclés, d’une belle couleur de feu.

Ma famille était sans histoires. Trois enfants, deux frères plus âgés que moi qui m’aimaient bien et me taquinaient tout autant. J’étais une fillette heureuse, même si je ne le savais pas encore. Le bonheur est une notion bien abstraite, surtout chez les enfants. Souvent, on l’apprécie à sa juste valeur lorsqu’on l’a perdu. 

Mes parents avaient décidé qu’il était grand temps, à quatre ans, que je me « socialise ». Voilà pourquoi je me suis retrouvée, par un beau lundi matin du mois de septembre 1994, dans le vestibule de la garderie « Les Loulous de Marie ».

Ladite Marie m’accueillit avec enthousiasme, m’entraînant vers une grande pièce où un tapage de cris et de rires m’attirait comme une promesse. J’ai lâché la main de mon père presque sans m’en rendre compte et je suis entrée dans la sphère où tu régnais comme un petit roi.

Il y avait une vingtaine de gamins dans cette pièce aux merveilles, tapissée de grands dessins, où des étagères colorées croulaient sous les jouets et les livres ouverts. Quelques enfants étaient plus jeunes que moi, et un ou deux bébés se traînaient à terre.       

- Coucou, les amis, je vous présente Noëlle. Elle va faire partie de votre groupe.

Silence soudain et arrêt des activités de la petite bande. Tous me regardaient avec une intense curiosité. Une nouvelle… une minuscule nouvelle… quelle aubaine ! Je me suis cachée derrière le dos de Marie pour écraser une petite larme du bout du doigt.

 - Noëlle, ne sois pas gênée. Tout le monde a hâte de te connaître. Voici Lucas, Lilou, Marianne, Jade, Olivier et Erwan. Les amis, soyez gentils avec Noëlle. C’est difficile car elle ne connaît personne ici. Erwan, tu veux bien t’occuper d’elle ?

C’était toi. Sérieux comme un acteur à qui on confie un premier rôle, tu as hoché la tête et tu m’as prise par la main. Tu m’as conduite devant la table pour me faire une place et tu as poussé dans ma direction une grosse boîte de crayons de cire pour me souhaiter la bienvenue. À ta façon.

Du haut de tes cinq ans bien sonnés, tu étais bien plus grand que moi, d’au moins dix centimètres. Tu ressemblais à un gentil garnement, avec tes cheveux en bataille et tes yeux noirs malicieux. Tête baissée, je te regardais du coin de l’œil, impressionnée par ton rire et captivée par cette aisance si remarquable que tu possédais déjà. C’est toi qui as posé la question que tous les autres gardaient sur le bout de leur langue.

- Pourquoi tu t’appelles Noëlle ? T’es la fille du père Noël ? Ou alors c’est ton grand-père ?

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