Le courage du papillon

C'est un roman courtepointe (patchwork) porté par la voix de quatre narrateurs qui s'entrecroisent pour nous faire découvrir l'univers de cinq soeurs ainsi que la présence inquiétante d'un intriguant personnage masculin, anonyme, dont une menace émane. Quatre narrateurs donc, facilement reconnaissables par la focalisation qui diffère, ce qui donne un rythme de lecture.

L'aînée des soeurs, Beauty la mal nommée, qui ne rêve que de quitter le bled perdu dans lequel vit la famille et qui, pour cela, organise un plan secret, a droit à un narrateur témoin. Fancy, une des soeurs intermédiaires dont la maladie n'est pas nommée mais dont le lecteur sait qu'elle est handicapée intellectuellement, parle au « je » puisque tout l'univers lui semble centré sur elle-même. Autumn, la benjamine, s'exprime au « tu », ce qui est emblématique du roman puisqu'on comprend bien ainsi la dissociation du corps et de l'esprit qui devra se faire à un moment. Puis, il y a les chapitres menés par un narrateur externe où le lecteur plonge dans la tête de cet homme qui n'est jamais nommé et qui semble être un peu dérangé au début puisque obsessif sur les habitudes, la régularité, et qui dit que l'apparition des soeurs Herbert est le rayon de soleil de sa journée, mais cette attention qui leur porte prend rapidement une tournure plus malsaine.

On suit donc le quotidien de la famille qui doit trouver des moyens de survivre malgré le manque d'argent et les bouches à nourrir, jusqu'à ce qu'une soeur disparaisse. Dès lors, l'angoisse devient omniprésente et le lecteur suit tant les recherches de la famille que la réalité de celle devenue prisonnière. La couverture donne peut-être l'impression que le roman sera léger, mais ce n'est pas le cas. On a plutôt ici affaire au battement d'aile du papillon capable de créer une tornade, à l'accumulation de petites choses qui font tout basculer un jour.

Mon avis

J'ai été attirée par la couverture et j'avoue avoir aimé l'idée des différentes focalisations, mais je n'ai pas accroché à cette fratrie. J'ai trouvé les soeurs trop différentes, trop éloignées. Elles se rapprochent dans l'épreuve, oui, et découvrent l'amour qui les lie, mais il était comme trop tard pour que, moi, je m'y attache. L'idée de montrer les pensées de l'homme avant que le drame ne frappe est attrayante. L'homme est dans l'ombre, à l'affût, et il dit qu'il arrive à garder le contrôle sur son autre lui-même, ce qui contribue à créer un climat de tension. Cependant, cette connivence entre l'homme et le lecteur crée une sensation de malaise. Au final? Je vois ce qui peut intéresser les lecteurs potentiels, mais je ne suis pas touchée...