Galya Bolotine, 16 ans, vit à Tiski, petite ville du Nord de la Sibérie d’où presque tout le monde est parti, sa mère comprise. Seule avec son père qui cumule deux boulots pour arriver à subvenir aux besoins de sa famille, son petit frère qui n’arrive plus à dormir et son grand frère qui est enfermé dans sa chambre depuis des mois et semble aux prises avec une dépression profonde, Galya tente de faire en sorte que tous survivent le mieux possible. Mais l’arrivée du brise-glace annonçant la fin de l’isolation vient souffler sur les Bolotine comme sur un jeu de cartes. Les rêves de Gayla remontent à la surface, tout comme cette vérité que plusieurs voulaient enfouir…
Comme un feu furieux est un roman exigeant qui parle de deuil, de chagrin et d’envie de liberté dans un décor totalement renversant. Parsemant la narration de perles de poésie, Marie Chartres s’adresse ici à des lecteurs experts.
Lire ce roman en été est une excellente façon d’oublier la chaleur ambiante. Il faut dire que Marie Chartres entraine littéralement son lecteur dans Tiksi, peignant par petites touches ce décor qui semble prendre vie devant nous grâce aux détails, de ces chaussettes réchauffées sous le chien à l’odeur du vent sur le bord de la mer. Ce décor où le froid est glacial et où le noir semble éternel est parfait pour une intrigue qui parle de deuil, mais aussi d’espoir et d’envie de liberté. On est dans un univers de légendes, à la limite du fantastique, là où les ombres peuvent prendre la forme que l’on souhaite et où les mots ont un impact qui peut être dévastateur. Y vivant envers et contre tous, cette famille Bolotine semble surréaliste, mais chacun de ses membres est dépeint avec justesse, si bien qu’on croit à cette histoire, qu’on s’attache, qu’on se laisse transpercer aussi par ces émotions rendues peut-être plus fortes par le froid, le noir, l’absence. Ce n’est pas une lecture facile, mais c’est une de celles qui marquent.
« Toutes les voix d’une vie
Tous les visages d’un jour sur terre
Engloutis
Dans la grande bouche de la mer
Tu es devenu
Un jardin de porcelaine
Sous une pluie de météorites »
Le petit plus? Il y a de véritables perles de poésie égrenées au fil du récit. Au début, le lecteur ne comprend pas d’où elles sortent, se demande si c’est Galya qui écrit, et puis le mystère est résolu et… donne une autre force au roman. Chapeau!
Écoutez Marie Chartres lire un extrait de son roman. Vous ne pourrez pas résister!
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