« J’y retourne le jeudi suivant : encore les papillons, les nœuds, le cœur qui s’emballe.
Calme-toi, petit oiseau palpitant, calme-toi. C’est juste une personne qui t’impressionne. Dans quelques semaines, elle aura plus ce pouvoir sur toi. Regarde-la bien : race humaine, caucasienne, sexe féminin. Pendant que Félixe coiffe une autre cliente, je l’observe fixement pour essayer de comprendre ce qu’elle a de si spécial, et pourquoi elle me fait cet effet. »
Fé a toujours été différente, n’ayant à l’école qu’« une amie et un violoncelle », mais si on connait sa famille, on voit d’où vient son excentricité. C’est d’ailleurs en suivant sa mère lors de ses tournées dans les magasins de tissus qu’elle découvre le salon de coiffure où Félixe travaille avec son père. Si elle ne s’est jamais questionnée avant sur son orientation sexuelle, Fé se sent irrésistiblement attirée par Félixe, qu’elle revient voir toutes les deux semaines, quitte à sacrifier ses cheveux aux lubies de la coiffeuse. Celle-ci aussi ne semble pas insensible à ses charmes, mais sa vie est compliquée et la relation qui se noue n’est pas simple…
Auteure venue du monde du théâtre, Amélie Dumoulin présente avec Fé M fé une histoire très vivante, portée par une langue plutôt orale, mais poétique. Abordant le thème de l’orientation sexuelle, de la découverte de soi et de la dépression avec le personnage du père, l’auteure pourra rejoindre les lecteurs intermédiaires.
Les romans sur l’homosexualité féminine sont rares et je n’ai jamais eu de coup de cœur pour l’un d’eux encore, toujours un peu déçue de l’écriture. C’est pourquoi il ne m’a pas fallu longtemps pour m’écrier « Je l’ai » en découvrant Fé M Fé, un roman qui mélange bonne histoire et plume géniale. Oui, oui, rien de moins. Amélie Dumoulin vient du monde du théâtre et cela parait dans son écriture, très vivante, à la fois près des lecteurs et poétique.
« Mais au fil du temps, le petit robinet mal fermé dans ma poitrine devient un fleuve. »
Fé est un personnage hors de l’ordinaire, mais plusieurs adolescents pourront se reconnaitre dans son parcours. Il y a ce qu’elle ressent pour Félixe, et qui la surprend elle-même, mais aussi cette attirance nouvelle pour Yan, qui n’avait été jusque-là qu’un bon ami, qui vient la troubler, mêler les cartes. De plus, l’intrigue principale est accompagnée par l’histoire du père de Fé qui passe un mauvais moment et que l’adolescente voit sombrer dans la dépression sans savoir comment l’aider. De nouveau, c’est authentique, crédible, savamment présenté. Chapeau!
Le petit plus? Joliment intégré dans le quotidien de Fé, décrit par petites touches, Montréal devient un personnage du roman. Une belle carte postale!
Découvrez le premier chapitre ici!
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire