Lafcadio, le lion qui visait juste

Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant

Dans la jungle africaine, un lion vit tranquillement parmi ses semblables jusqu’à la venue d’un chasseur peu cordial, mais très bavard. À la suite d’un dialogue des plus grotesques entre les deux rivaux, le lion réussit à dévorer l’homme et à s’emparer de son fusil. Étant un peu plus curieux que la majorité des félins, il commence son entrainement à la gâchette, ce qui fera de lui un redoutable tireur éloignant tout humain de la jungle. Pourtant, un jour, un drôle de monsieur vient discuter avec l’as tireur. Loin de lui l’idée d’abattre le fauve, il souhaite plutôt en faire une attraction de cirque grandiose et le rendre riche et célèbre à travers le monde. Le lion, rebaptisé Lafcadio, qui n’a pourtant aucun intérêt pour ces désirs de grandeur humains, finit par accepter de suivre le directeur de cirque en ville en retour d’une tonne de marshmallows – il aimait bien la sonorité du mot. Ainsi débute sa vie d’être humain.

Lafcadio, le lion qui visait juste fait partie des classiques de la littérature jeunesse américaine. Cette fable sur la vie, le bonheur et l’humanité, mettant en scène un lion qui se transforme petit à petit en homme, a été composée et illustrée en 1963 par le regretté auteur prolifique Shel Silverstein. Bien qu’écrite pour les plus jeunes, c’est un roman universel, qui s’adresse aisément à tout type de lecteur.

Mon avis

Cette fable sur le bonheur est un véritable bonheur! L’auteur, surnommé ici le vieil oncle Shelby, narre l’histoire d’un lion qu’il a rencontré qui cherchait un salon de coiffure en ville. Dès les premières pages, je me suis surpris à sourire constamment en lisant ce récit complètement exagéré et déjanté. Shel Silverstein a tout un style! Il s’amuse avec les mots, surprend par la singularité de ses personnages, prend des détours rocambolesques, ajoute des précisions parfois plus que curieuses… Il devient alors très difficile de s’arrêter de lire; on dévore simplement!

Un lecteur moins averti pourrait, en suivant le rythme effréné du récit, n’y voir qu’un excellent roman humoristique. Or, vers la moitié du livre, Silverstein met en place tous les éléments pour créer un véritable conte philosophique. Le lion, qui devient de plus en plus humain et de moins en moins lion, perd ses repères et se fond à la civilisation mondaine de la ville. Vient le jour où il craque, où le succès cesse de refléter le bonheur et où il cherche un sens nouveau à sa vie. Cela amènera le lecteur à la savoureuse scène finale où Lafcadio, parti en safari, en arrive à l’ultime question : « Qui est-il, au juste? »

Lafcadio, le lion qui visait juste est un incontournable pour toute bibliothèque jeunesse!

Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par l'album Yakouba de Didieu, livre qui s'adresse autant aux plus jeunes qu'aux plus vieux!