Quand hurle la nuit

Billet rédigé par Patrick Isabelle, auteur et libraire

Salicou est un québécois d’origine sénégalaise. Un jour, à l’école, alors qu’il mange son lunch tranquilement, trois garçons viennent perturber sa quiétude. « Sale nègre. Ici, c’est une école, pas un zoo. » Le racisme frappe le jeune homme de plein fouet. Ne sachant comment réagir, il prendra la fuite pour se réfugier dans son imaginaire où ses bourreaux prendront la forme de loups, où lui-même prendra le visage d’un mouton noir et où le courage se métamorphosera en dragon.

« Quand hurle la nuit » est un court roman poétique ancré dans une réalité, hélas, trop commune. Bien que la lecture soit plutôt facile, le sujet et l’angle de traitement s’adresse davantage à des lecteurs intermédiaires. L’auteur y dépeint les émotions ressenties face aux attaques racistes et méchantes des autres. Il apporte aussi un brin d’espoir aux jeunes dans cette situation.

Mon avis

Mario Brassard vient du monde de la poésie. Dans les courts chapitres qui construisent le roman, il réussit à transposer son souffle poétique en créant des images fortes et des scènes d’une beauté fabuleuse. Chaque mot semble avoir été choisi avec soin, chaque phrase est nécessaire. C’est la grande force du livre.

C’est toutefois aussi un de ses défauts. La concision m’a empêché d’aller au bout de l’émotion. Le récit de Salicou est touchant, mais j’aurais voulu être bouleversé. L’abondance des métaphores, au bout d’un certain moment, est venu assombrir ma lecture. Il s’agit pourtant d’un texte fort et maîtrisé, sur un sujet dont on parle de moins en moins, mais il me manquait un petit quelque chose… une petite dose de réalisme supplémentaire, peut-être? Dur à dire.

J’en retire toutefois la beauté de la langue et la satisfaction de voir un éditeur jeunesse québécois prendre des risques en publiant un roman hors de l’ordinaire, qui n’est pas facile et qui, somme toute, fait réfléchir. Il s’agit d’un roman qui, selon moi, gagnera à être accompagné, par un enseignant ou un parent.

Merci à Soulières éditeur pour le roman!