Bluebird

Minnie et son père sont des musiciens de route depuis que la mère de l’adolescente est morte. En effet, son père a juré qu’elle ne travaillerait jamais dans les champs des blancs comme lui a dû le faire. Mais voilà, quand elle se blesse au pied, ils doivent faire une pause et atterrissent dans la plantation de Charley Silas, un propriétaire particulièrement cruel. Là, pendant que Minnie se remet, son père retrouve le travail des champs et la réalité des Noirs face aux Blancs. Sauf que les apparences sont trompeuses sur cette plantation surveillée par un couple d’Irlandais aidés d’un Indien et Minnie se lie d’amitié avec leur fils… du moins jusqu’à ce que le Klu Klux Klan, très actif dans cette partie des États-Unis, frappe.

Roman historique plongeant ses lecteurs dans la réalité des travailleurs des champs lors de la ségrégation, Bluebird est aussi un livre portant sur le blues, de sa naissance aux États-Unis à sa conquête du monde. Écrit dans un vocabulaire accessible et rythmé par les changements de narrateurs, le roman convient aux lecteurs intermédiaires.

Mon avis

Tristan Koegel a écrit un roman ambitieux avec Bluebird. C’est d’abord l’histoire de l’amour qui unit Minnie à son père et leur passion pour le blues, mais aussi l’histoire de cette musique et une plongée dans la réalité de la ségrégation, des plantations, du Klu Klux Klan. Si le ton est résolument optimiste (parfois un peu trop pour qu’on puisse vraiment y croire), certaines scènes sont dures et permettent au lecteur de comprendre ce qui se passait vraiment à cette époque, somme toute pas si lointaine, où malgré la fin théorique de l’esclavagisme, les conditions de vie restaient terribles. Il y a toutefois une douceur constante dans l’écriture et l’emphase est mise sur la musique, ce blues si cher au cœur de Minnie et son père.

Par ailleurs, la construction du récit est intéressante, l’auteur donnant la parole à de multiples personnages qui apportent chacun leur version de l’histoire et permettent au lecteur, au final, d’avoir une vue d’ensemble et de comprendre ce qui s’est réellement passé. L’auteur joue en effet beaucoup sur les apparences et sur les différences de point de vue. Le petit plus? L’auteur a publié les pistes de la bande audio du livre via Deezer. À écouter pendant la lecture ou après, pour retrouver l’ambiance…

Merci à Didier Jeunesse pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision du billet!