Le souffleur de rêves

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

Zorzi Ballari, orphelin, est apprenti chez le plus grand souffleur de l’ile de Murano.

« Pour dormir et pour rêver, car les années passant, Zorzi avait nourri l’espoir de devenir souffleur. »

Mais, malheur, à 15 ans un bête accident le condamne à boiter pour le restant de sa vie. Il n’en faut pas plus à son maitre pour le jeter hors de son atelier. Sans perdre son rêve de vue, Zorzi se faufile dans les boutiques à la nuit tombée et souffle des bulles de verre remplies de quiétude. D’abord pour un petit garçon, puis pour tous les enfants qui ont du mal à dormir. La réputation des bulles de rêves se répand rapidement et permet ainsi à Zorzi de sortir de l’ombre et d’avoir son propre atelier.

Dans cet album, l’auteur met en lumière le courage, valorise le dépassement de soi et la persévérance, des thèmes qui collent à la vie réelle des jeunes. L’évolution du héros et sa réussite laissent deviner que tout finit toujours par bien aller, suffit de croire en soi et d’y mettre l’effort. 

Mon avis

Quel album magnifique ! Rares, disons-le, sont les albums qui allient avec une telle finesse, douceur, poésie et espérance. Le graphisme, les illustrations, le texte, tout contribue à nous

plonger au cœur de la vie de cet orphelin. D’abord, bien sûr, l’écriture poétique de Bernard Villiot, le choix des mots, des images, les envolées toujours bien dosées reflètent l’état du héros, son espoir et toute la douceur qui l’habite :

«  Et à force de persévérance, son souffle devint si délicat et si précis qu’il s’étira comme un soupir […] La bulle glissa jusqu’à lui et éclata, sans bruit. Une fine poussière irisée de reflets azurés s’en échappa. Et aussitôt l’enfant s’endormit. »

Ces mots sont accompagnés des illustrations de Thibault Prugne qui, dans un style fin et enveloppant, transportent instantanément le lecteur au cœur de cette ile italienne. Les différents angles de vues et les perspectives jouent pour beaucoup dans l’atmosphère qui se dégage des pages. Les gros plans permettent un accès direct aux émotions des personnages alors que les perspectives jouent sur les luttes de pouvoir, le tout alternant avec des vues panoramiques, insistant sur le décor ambiant. Le grand format de l’album appuie par ailleurs les idées de grandeur du jeune Zorzi dans sa volonté d’aller au-delà de lui-même, de dépasser le maitre. Fameux!