Le piano rouge

 
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Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste de la littérature jeunesse

Chine, 1975, en pleine révolution culturelle, Xiao-Mei est coincée comme plusieurs dans un camp de rééducation, vouée à devenir une bonne révolutionnaire. Mais, l’appel de la musique est plus fort que les habits verts, que les soldats qui surveillent. En secret, elle parvient à faire entrer un piano dans le camp et s’emplit la tête et le cœur de musique classique, musique réprimée par le pouvoir. Elle sera surprise par un garde à qui elle ment en lui disant qu’elle joue un air chinois officiel, mais la chance n’est pas toujours là et, la fois suivante, elle est punie, condamnée à transporter les déchets humains pour engraisser la terre.

Inspiré d’une histoire vraie, cet album nous transporte à la fin du règne de Mao Zedong, dictateur qui en avait contre l’embourgeoisement et qui exigeaient la lecture de son Petit livre rouge dans les écoles et les milieux de travail. La mort du chef en 1976 met fin à ces camps et la petite est la dernière à quitter les lieux.

Aujourd’hui grande pianiste, Xiao-Mei enseigne la musique au conservatoire de Paris et offre plusieurs concerts.

Le devoir de mémoire reste sans doute le thème central de cet album grand format. La Révolution culturelle de Mao, l’emprise qu’il avait sur le peuple reste peu connue des adolescents, or cet ouvrage ouvre la porte à cet univers.

Mon avis

C’est à la suite d’une rencontre avec Xiao-Mei qu’André Leblanc a l’idée et l’envie d’écrire son histoire. Il aborde ainsi un sujet singulier, mais essentiel, qui va au-delà de la réalité vécue par cette jeune fille et contribue aussi à dévoiler tout un pan de l’Histoire chinoise. La résilience de la petite pianiste et son courage sont tout à bouleversants et inspirants. Le texte, relativement court, laisse deviner les moments forts de cette traversée dans laquelle le piano est central. La musique classique tant décriée par le chef prend toute la place. D’ailleurs, le très grand format de l’album appuie cette volonté de faire rayonner la musique.

Les illustrations à bords perdus, sans cadres, laisse deviner le besoin de liberté de la petite et du peuple. Le tout est présenté à l’acrylique en trois tons, le noir, le rouge et le beige qui, lui, permet les contrastes. Le rouge, associé d’abord à Mao et son petit livre, permet aussi de qualifier l’instrument de musique, ce qui pourrait être vu comme un pied de nez au pouvoir. S’ajoutent à cela des découpes de journaux collés ici et là, comme pour ajouter au réel de l’ensemble. Un album fort, prenant, qui peut toutefois être difficile à saisir pour les non-initiés compte tenu des phrases courtes qui disent peu. Une mise en contexte est nécessaire, tout comme un peu de lecture supplémentaire pour aider à mieux comprendre le fond de l’histoire.


Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Marie Fradette le 31 janvier 2016.

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Le piano rouge
André Leblanc
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