Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant
Dans une contrée lointaine, au-delà de l’imposante chaine de montagnes, se propage une malédiction inquiétante qui fait fuir ses habitants : un lourd sommeil duquel on ne semble pas pouvoir se réveiller gagne les gens du pays. La reine, apprenant la nouvelle par trois fidèles nains, décide de reporter son mariage pour partir avec eux briser l’enchantement maléfique avant qu’il ne frappe son peuple. Elle devra pour cela traverser le pays, rempli de dormeurs passifs agressifs aux allures de zombies, pour aller embrasser la Belle, une jeune princesse endormie par la redoutable sorcière qui la garde.
La Belle et le fuseau est un conte publié dans un album d’une soixantaine de pages au texte assez dense. Le style est classique et le lecteur y retrouve une myriade de clins d’œil aux éléments des contes célèbres (magie, personnages fictifs, quête et combat entre le bien et le mal), mais Neil Gaiman use de toute son originalité pour réinventer la formule. L’album, au texte assez complexe, s’adresse à un lectorat avancé.
J’avais des attentes élevées envers La belle et le fuseau, ce conte qui allait à l’encontre des stéréotypes classiques du genre. Je n’ai pas été déçu sur ce point! Exit, donc, le beau prince qui va embrasser et délivrer la princesse inactive. Ici, c’est une jeune reine célibataire qui prend les choses en main. Une femme qui n’a pas froid aux yeux, rusée et réfléchie. Cette atmosphère est rafraichissante tout au long de la lecture.
Par ailleurs, les magnifiques illustrations en noir et blanc de Chris Riddell complètent à merveille l’histoire. Elles sont extrêmement riches et d’une précision impressionnante; les traits de crayon, bien définis, se comptent par milliers sur une seule page! Cela permet au lecteur attentif de découvrir bien des détails. Le caractère, les pensées et émotions – ou même l’âge! – des protagonistes ressortent d’ailleurs nettement du crayonné. On y retrouve également de petites touches dorées – la seule couleur du livre – qui viennent chercher l’œil du lecteur. En bref, les omniprésents dessins de Ridell font clairement opérer la magie!
Toutefois, malgré un texte assez riche et dense pour un album, on aurait aimé plus d’éclat de la part des personnages et des péripéties, qui progressent souvent très simplement. Heureusement, la fin, quant à elle plus surprenante, dément cette impression!
Merci à Albin Michel pour le conte!
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