Je sais que tu sais

Axelle a complètement changé depuis la mort de son frère, assassiné par son meilleur ami trois ans plus tôt. Si elle lui reconnaissait de nombreux défauts, comme toute sœur le ferait, elle lui vouait aussi une grande admiration et son départ a laissé un vide qu’elle a tenté tant bien que mal de remplir. Mais voilà, l’adolescente n’y arrive pas et elle en arrive à la conclusion que sa psy a peut-être bien raison. La seule façon de s’en sortir est de confronter le meurtrier, de comprendre ce qui a bien pu se passer... avec tout ce que cela implique.

Si le deuil est au centre de ce très court récit, c’est le mystère entourant la mort du frère d’Axelle qui teinte le tout et amène l’auteur à aborder des thèmes encore plus durs. Écrit dans une langue accessible et rythmé par les révélations, ce roman est accessible à tous les lecteurs, mais vise un public averti.

Mon avis

Je sais que tu sais est un véritable roman coup de poing, une lecture qui m’a fait penser à celles proposées par la collection des miniromans de Sarbacane, un créneau que la collection égo de Talents Hauts semble vouloir exploiter aussi, et avec succès!

L’histoire est intéressante, mais c’est la construction qui est particulièrement réussie ici, Gilles Abier dosant parfaitement l’information qu’il laisse filtrer afin de captiver, d’étirer le fil, de garder un suspens malgré les passages psychologiques où il évoque le lien familial entre le frère et la sœur, le besoin de pardonner certaines choses, l’inutilité de la colère après un drame. À la toute fin, il joue avec la fine ligne entre victime et bourreau, change complètement le regard du lecteur sur le récit. C’est finement joué et ça donne envie d’en découvrir plus sur cet auteur qui a une maitrise exceptionnelle du récit.

Merci à Talents hauts pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision du billet!