Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte

Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant

« L’important, ce n’est pas le sujet, c’est la manière d’écrire ». C’est avec cette idée que Katinka, une Néerlandaise de 13 ans, décide de se lancer dans l’écriture sur son existence. Bien que l’exercice puisse paraitre banal, il permet à la jeune fille de fouiller au plus profond d’elle-même et de son entourage ainsi que de réfléchir sur sa vie, qui se trouve à un carrefour en ce début d’adolescence. Entre son père, son petit frère Kalle et elle, habitués à croquer dans la vie en toute simplicité, atterrit brusquement Dirkje, une femme surprenante et fort sympathique, mais qui ne peut remplacer une mère morte dix ans plus tôt.

Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte est une fiction réaliste qui propose de courts récits à la première personne comme s’ils venaient d’être écrits par la narratrice, Katinka. Le lecteur suit son cheminement personnel, mais aussi son cheminement d’écrivaine, entre autres grâce aux moments passés avec Lidwine, une auteure renommée, voisine et amie de la famille, qui devient son mentor. Ce roman, sur la vie et sur l’écriture, plaira particulièrement à tout adolescent attiré par la littérature et l’art d’écrire.

Mon avis

Ce premier roman de Annet Huizing surprend par son originalité. L’auteure ose en présentant un livre centré sur l’écriture. Si l’histoire de Katinka n’a rien d’extraordinaire, sa démarche d’écrivaine, bien détaillée et imbriquée naturellement dans le récit, l’est toutefois clairement! Ce que Huizing permet ici de génial à ses lecteurs, c’est de réfléchir à ce qui rend un texte agréable, fort et crédible, en laissant Katinka critiquer ses chapitres après les avoir écrits. On apprend ainsi, en même temps que le personnage, des stratégies pour créer le suspense, être évocateur, monter des dialogues forts, changer de perspectives, etcétéra, etcétéra… Bref, tout pour prendre le contrôle de son texte, se sentir compétent et ainsi écrire pour vrai, par envie de s’exprimer sur son monde. Même pour les lecteurs qui n’écrivent pas, ces conseils pourront leur donner des clés pour mieux apprécier un livre. Et même si « le sujet n’est pas important », l’auteure réussit à accrocher et à toucher par l’histoire de l’adolescente, criante d’authenticité, qui cherche à évoluer dans sa vie personnelle et familiale, sans jamais renier son amour pour sa mère décédée. Je pourrais reprocher au roman d’être un peu prévisible, mais ce serait du même coup dénoncer la très grande crédibilité des personnages. Je me tairai donc!

Merci à Syros pour le roman!