Mais qu’a donc poussé Ingrid, cette vieille sorcière si puissante, à s’installer à Skelleftestad? Certainement pas le besoin de tranquillité d’un village exempt de magie noire! Quoi qu’il en soit, sa grande beauté rend cette arrivée aussi agréable pour les hommes qu’insupportable pour les femmes. Curieusement, cet être satanique doté d’une grande intelligence finit par épouser l’homme le plus gentil, mais également le plus bête qui soit : Nils Swedenborg. C’est ici l’ainée de leurs trois filles, Johanna, qui raconte leur improbable histoire, de leur rencontre à leur lune de miel.
Johanna ayant maintenant 16 ans, elle doit apprendre à vivre comme une sorcière digne de sa mère et à développer ses capacités magiques et diaboliques… tout en évitant le bucher! Et puisque ses deux sœurs sont obsédées par la gourmandise ou la mode vestimentaire, c’est sur elle que reposent tous les espoirs de grandeur. Or, Johanna, bien qu’avide de cruauté, a hérité en contrepartie une grande bonté de son père et fait le désespoir de sa mère. Pourtant, quand Ingrid vient un jour piquer son orgueil de sorcière, l’adolescente décide de mettre en branle un plan démoniaque pour Skelleftestad!
Les sorcières de Skelleftestad, L’étrange mariage de Nils Swedenborg (tome 1) et Les sœurs Swedenborg (tome 2) sont deux courts romans alliant humour noir et sorcellerie qui se suivent directement. Malgré la brièveté des récits, la langue riche et complexe de Jean-François Chabas pourrait rebuter les lecteurs moins avancés.
Jean-François Chabas est un auteur qui côtoie autant le sérieux que le farfelu et Les sorcières de Skelleftestad rentrent incontestablement dans la deuxième catégorie. Tout au long des deux livres, on sent comment il a pu s’amuser en mettant en scène des situations complètement loufoques. Parmi ces dernières, nombreuses, celle du mariage, où la sorcière lutte ostensiblement contre la présence du divin, et celle du villageois transformé irrémédiablement en champignon amuseront particulièrement ceux qui apprécient le style déjanté! Pour que l’action se poursuive, le lecteur en vient même à souhaiter que les méchantes sorcières s’en tirent sans passer sur le bucher! C’est qu’on s’attache à elles – ou du moins à leurs coups tordus!
Oui, clairement, pour apprécier le travail d’écriture de Chabas, le lecteur doit ici faire fi de sa bonne conscience et embrasser le mode de pensée injurieux des sorcières envers leurs concitoyens. Et malgré tout ce délire riche en rebondissements, l’auteur réussit à présenter une caricature de notre espèce qui fait brillamment réfléchir sur l’existence humaine et ses aspirations. Surprenant!
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