Quand Louis Pasteur, boursier de province, entre dans la grande académie bourgeoise de Paris, personne ne peut imaginer qu’il en sera le héros. Toutefois, en récitant la table des substances simples et composées de Lavoisier, en trouvant le moyen d’aller chercher une écharpe dans la demeure, bien gardée, des demoiselles et en bousculant les principes de ses enseignants, il fait rapidement sa place. Mais le rôle de meneur n’est pas ce que recherche Louis, le jeune homme étant juste obnubilé par la science, son laboratoire, ses découvertes… et Constance. Il faut dire que la préfète des filles est une jeune femme surprenante qui se révèle aussi passionnée que le scientifique. Ensemble, ils s’intéresseront aux meurtres qui ont lieu depuis le début de l’année et à cette étrange bête dont les attaques pourraient bien permettre à Louis de mettre certaines idées en pratique et à Constance de sortir un peu du carcan de bienséance dans lequel elle est enfermée.
Entre roman historique, fantastique et d’aventure, ce nouveau livre de Flore Vesco offre une lecture haletante, à la fois fascinante intellectuellement puisqu’il y est question de science et très amusante. Écrit sans concession côté vocabulaire, ce roman s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Voici le deuxième roman de Flore Vesco que je lis (et que j’adore), et j’ai encore une fois ici une grande difficulté à le résumer parce que cela part dans tous les sens. Il y a bien Louis Pasteur qui essaie de découvrir quelle est cette bête mystérieuse qui apparait une fois par mois et cause de grands ravages, mais il y a aussi toute une critique sur l’éducation des filles à cette époque avec le personnage de Constance, bien consciente de son rôle malgré son caractère vif, une histoire résolument romantique, des références scientifiques délicieuses (oui, oui), une imagination folle. Tout ça est en plus écrit de façon fluide, le lecteur étant guidé dans cette danse infernale par la plume assurée d’une auteure qui joue avec les mots et ne s’empêche pas d’être pointue même si elle s’adresse à un jeune public. Cette grande place à la science aurait pu être lourde à la longue, mais tout au long de la lecture, on ressent le plaisir que Flore Vesco a eu lors de la création de son intrigue, sa passion pour ce personnage historique qu’elle a mis à sa main, avec lequel elle a bousculé la réalité (et l’Histoire) pour créer son récit. C’est un bijou pour grands lecteurs, un moment de délire littéraire rafraichissant.
Le petit plus? Chaque chapitre s’ouvre avec sa composition chimique (accessible à ceux qui n’ont pas pris l’option science, rassurez-vous), de quoi titiller notre curiosité... et nous empêcher de refermer le livre!
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Les aventures des deux romans de Vesco se situent à des époques où on n'aurait du mal à imaginer des filles aussi libres et fonceuses que ses personnages féminins. On se dit que l'auteur a dû éprouver un malin plaisir à mettre en scène des femmes aussi décomplexées. On partage évidemment ce plaisir comme lectrice puisqu'on a l'impression de prendre une petite revanche contre le passé! On jubile tout autant de l'absurde de certains dialogues : Pasteur, en bon scientifique, anticipe le moindre événement (même amoureux) sous l'angle de l'analyse rationnelle, ce qui donne lieu à de petites perles de conversations. Un très bon moment de lecture!