Bonne continuation

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste de la littérature jeunesse

« Ne te retourne pas, je crois que le type qui nous tripote les seins tous les matins est juste derrière nous », annonce une vache à sa collègue. Cette dernière brasse son café tout en jetant un regard en coin vers le coupable.

«Le pédopsychiatre dit que, pour le moment, il semble bien supporter la garde alternée », dit un Tarzan à sa Jane tout en balançant son petit, momentanément sans attache, vers la mère qui le reçoit accrochée à sa liane.

« Hé les filles ! Ça fait bien une heure qu’on a pas vu cet obsédé de Jean-Michel, non ? » Un bouc, bien installé en mode reproduction sur le dos de la chèvre est éventré par les cornes de celle-ci.

Et pourquoi pas un dernier : « Je me sens tout ballonné, je crois que cette pomme m’est restée sur l’estomac », raconte un serpent dont la forme a pris celle d’Adam et Ève.

Tallec offre ainsi une quarantaine de tableaux portés par un ton ironique, un humour cinglant qui frappe instantanément. Cet album saura plaire aux adolescents grâce à l’humour de l’auteur-illustrateur, mais aussi aux thèmes aussi variés que sont la religion, le réchauffement de la planète ou encore le stéréotype du prince charmant.

Mon avis

Cet album présenté dans un format à l’italienne met en lumière toute la force d’une illustration, la puissance d’une image qui vaut effectivement souvent plus que mille mots. Pour chaque scène offerte, Tallec livre une courte phrase, en apparence anodine, peu évocatrice, qui trouve cependant écho et tout son sens, dans l’illustration. C’est l’angle choisi par l’artiste, le décor et bien sûr l’humour dans le trait qui donne sens à l’ensemble. Le style caricaturiste alliant finesse et candeur propulse le lecteur dans un monde en soi. Tallec déconstruit les mythes, se joue des humains, ridiculise leurs contradictions et plus encore. Si certains tableaux semblent moins percutants, l’ensemble de l’œuvre vaut amplement le détour.