Si tu m'entends

Alors que Charley est plongée dans le coma depuis de longs mois, sa famille prend le chemin de Cornouailles comme chaque année. Seulement, cette fois-ci l'ombre de la tragédie plane et  particulièrement au-dessus de Hal, son petit frère. Celui-ci se sent bizarrement relié à Charley, peut-être parce que c'est lui qui l'a découverte, fracassée contre les rochers de la plage, à la fin de l'été dernier. De retour sur les lieux du drame, il ne parvient pas à chasser la présence de sa soeur de son esprit et, suivant ses appels, il cherche à en apprendre plus sur ce qui s'est passé cette fameuse nuit d'août. Si tu m'entends, dit-elle, essaie de te souvenir...

Le titre original, Waves, rend très bien l'ambiance de ce roman qui contient la douceur de l'eau tout comme son côté oppressant. C'est un récit qui s'adresse peut-être plus à un lectorat féminin puisque, malgré que le narrateur soit un garçon, c'est la présence de Charley qui teinte tout, son histoire, ses amours, son introspection. D'ailleurs, l'auteure s'intéresse beaucoup à la psychologie de ses personnages et plonge parfois en eaux troubles. L'auteure a choisi de confier la narration au personnage de Hal et, les pensées de Charley s'y glissant en italique, le lecteur est aux premières loges de cette liaison étrange à la limite du fantastique qui s'établit entre les deux adolescents. C'est cette particularité qui rend le récit parfois difficile à démêler parce que les deux voix se mêlent et il est parfois ardu de s'y retrouver.

Le mystère entourant l'accident de Charley prend beaucoup de place, mais c'est aussi un roman qui s'attarde à la réaction des vivants, de ceux qui vivent avec un membre en moins. La réaction de Hal est d'ailleurs très forte, son amour fraternel se muant en haine pour sa soeur dans les premières pages, elle qui est toujours vivante, mais qui ne répond pas, qui ne bouge plus. Le personnage de la petite soeur Sara apporte quant à lui une touche de légèreté et l'arrivée en Cornouailles amène aussi plusieurs nouveaux personnages qui enrichissent l'intrigue.

Mon avis

La première partie m'a un peu déstabilisée parce qu'il faut s'habituer à la narration entrecoupée des appels psychiques de Charley, que les prénoms n'aident pas à savoir si on a affaire à des personnages féminins ou masculins et qu'il n'y a pas vraiment d'action. En effet, le début s'attarde à la mise en place du lien entre le frère et la soeur ainsi qu'à la vie bouleversée de la famille, à la difficulté de revenir sur les lieux de l'accident. Il y a ainsi beaucoup de répétitions, de lenteurs, dans ces premières pages, mais aussi une poésie qui empreint l'ensemble du roman.  J'aime beaucoup le style de cette auteure qui sait créer l'ambiance par des descriptions précises et un mélange de quotidien et de paysages donnant envie de s'évader.

Le récit m'a donc accrochée au fil des pages, malgré les Hal! Hal! et les Charley! Charley! que les personnages s'échangent en pensées et qui deviennent lassants. D'ailleurs, mon intérêt est allé en croissant, si bien que j'ai lu les dernières pages à la vitesse de l'éclair tellement je voulais connaître le dénouement de cette histoire aux touches de fantastique. C'est un art que de cultiver le mystère et Sharon Dogar y arrive très bien. Pour lecteurs avancés cependant, et pour ceux qui savent passer quelques pages sans décrocher, question d'éviter le trop-plein de répétitions. Eh oui, il faut savoir user de ses droits de lecteurs si on veut profiter pleinement du plaisir de la fin de ce roman!
Merci à Myriam pour la suggestion et le prêt du roman!