Leslie est une adolescente remplie de colère. À cause de son père qui a laissé sa femme pour une plus jeune (qui voudrait bien être son amie), à cause de sa mère qui est constamment sur son dos, à cause de l’école où elle s’ennuie et où sa seule amie est en train de la remplacer. Aussi, quand Jason arrive et qu’il lui accorde de l’attention, elle s’y accroche, en profitant pour susciter la jalousie des autres. Jason est beau, riche, attentionné. Il y a bien eu la première soirée chez lui qui a mal tourné, mais Leslie tente de l’oublier, tout comme elle serre les dents et attend que le moment passe quand Jason lui fait l’amour et qu’elle n’en a pas vraiment envie. Parce qu’elle l’aime. Et que lui aussi l’aime. N’est-ce pas ?
L’échappée aborde le thème des relations amoureuses toxiques à l’adolescence dans un récit qui prend la forme d’un journal intime. Bien que présentant des situations difficiles et parlant de relations sexuelles, il ne tombe jamais dans le voyeurisme et convient aux lecteurs avertis intermédiaires et avancés.
Allan Stratton est un auteur prolifique et versatile. Après avoir touché au récit d’aventures, à la fantasy, et à bien d’autres genres, il se glisse cette fois dans la tête d’une adolescente prise dans une relation toxique et on y croit complètement. Il y a d’abord la relation conflictuelle entre Leslie et ses parents, amplifiée par l’apparition de la nouvelle copine de son père, qui fait en sorte qu’elle est constamment sur les nerfs. Puis il y a la solitude de la « nouvelle » qu’elle a été plusieurs années auparavant et par-dessus laquelle elle n’a jamais pu passer. Ainsi, quand Jason arrive à l’école, Leslie n’a qu’une seule véritable amie, mais leur relation est difficile puisqu’elles ont des styles très différents, Katie étant plus sage, plus réservée, plus croyante aussi. La table est donc mise et Leslie entre très rapidement dans une relation malsaine.
On la voit réfléchir à ce qui se produit, trouver des excuses à Jason pour expliquer ses comportements. On comprend son désarroi face à la situation, mais aussi son besoin d’être « spéciale », d’avoir cette attention, cette admiration que lui offrent les autres parce qu’elle est avec Jason. Et qui fait qu’elle reste, jusqu’à ce que tout dérape. La montée dramatique fonctionne bien et la finale est marquante. Suffisant, peut-on espérer, pour décourager les lectrices à l’idée d’accepter de tels comportements dans leur propre vie…
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