« D’habitude, en soirée, je danse, je m’éclate. Ça me permet d’oublier les semaines en solitaire, le silence étouffant de cet appartement trop grand. Là, c’est le contraire. Je me sens étrangère. Pas intégrée. Désintégrée […] Je suis enceinte. »
Louane, 16 ans, se confie à Cécile, sa collègue de classe avec qui elle n’a pourtant aucune affinité. Du moins, c’est ce qu’elle croit au départ. Mais pourquoi alors Louane se confie-t-elle si facilement ? Et, pourquoi Cécile est si empathique ? Secret pour secret, sa nouvelle amie l’accompagne vers l’issue et lui avoue avoir aussi vécu cette épreuve difficile.
Présenté sous forme de roman graphique, ce récit permet de mettre en lumière une réalité qui frappe plusieurs adolescentes et ouvre la discussion entourant la grossesse et son interruption volontaire (IVG). Mais au-delà de ce thème porteur, c’est surtout les ramures, les effets qui sont mis en scène. Du choc produit par la nouvelle au choix à faire devant cette réalité, c’est toute la charge émotionnelle qu’elle provoque qui sous-tend le roman.
Très peu de mot sont nécessaires ici pour faire passer l’émotion, la bourrasque qui traverse cette jeune Louane, jeune fille brillante, issue d’une famille sans histoire. Les premières pages plantent le décor. Un salon, vide, une chambre, vide aussi, un bureau de travail, des vêtements nonchalamment laissés sur une chaise puis, un premier « non » entendu sans qu’on ne voie personne. Un deuxième, un troisième, une salle de bain, un test de grossesse et, enfin, un plan sur la jeune Louane qui répète ce « non ».
Cette façon d’amorcer le récit permet d’entrer dans l’univers de la jeune fille, un monde serein qui tout à coup, en quelques instants, bascule complètement. On ressent ce vertige justement grâce aux illustrations à la fois délicates, fines, mais précises et puissantes de Jaypee, aussi connu sous le nom de Jean-Philippe Chabot.
Le changement de couleur, adapté au discours, les plans sur des détails évocateurs de l’ambiance participent beaucoup de la charge émise. Le découpage en cases, la simplicité et la brièveté des dialogues s’allient à une justesse de ton qui permet de rendre le sujet avec aplomb sans effusions inutiles.
Sans tomber dans le stéréotype de la jeune fille en mal d’amour, sans être porteur d’un discours moralisateur, le récit joue plutôt sur le ressenti, sur l’importance de l’amitié, de la confidence, de la compréhension et de l’appui.
Après le cycle collège écrit par Charlotte Bousquet et illustrés par Stéphanie Rubini, c’est un premier opus pour ce duo qui débute une série se déroulant cette fois au lycée. Ce sera à suivre donc…
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