Voilà trois ans que Solomon n’est pas sorti de chez lui et il n’a pas l’intention de le faire dans un avenir rapproché ou lointain. Il faut dire qu’après la crise panique durant laquelle il s’est jeté dans une fontaine ne lui a pas laissé de très bons souvenirs du monde extérieur et qu’il a tout ce qui lui faut à l’intérieur : des parents aimants, des films, des livres, des jeux vidéos, un holodeck dans son garage. Qu’est-ce que l’extérieur pourrait lui apporter de plus?
Lisa n’a peut-être pas vu Solomon depuis trois ans, mais elle n’a pas oublié sa crise de panique. Et quand elle découvre que l’Université qu’elle rêve d’intégrer donne une bourse à ceux qui peuvent démontrer leur expérience personnelle en troubles mentaux, elle voit en Solomon la parfaite occasion. Si elle l’aide à guérir, elle tiendra un sujet de dissertation hors du commun. Peu importe les conséquences…
Roman psychologique abordant l’agoraphobie et les crises d’angoisse, Phobie douce présente une intrigue à double narration, l’attention étant tantôt centrée sur Solomon, tantôt sur Lisa. Parlant aussi d’amitié, d’empathie, d’homosexualité et d’adolescence, tout simplement, John Corey Whaley s’adresse ici aux lecteurs intermédiaires.
C’est une intrigue intéressante que celle-ci. D’abord avec ce personnage de Solomon, 16 ans et complètement équilibré… si ce n’est qu’il n’a pas mis le pied hors de son domicile depuis trois ans. Plein d’autodérision, il a un sens de la répartie qui ajoute beaucoup d’humour au récit et est au centre une famille colorée qui sonne authentique. Il y a ensuite ce projet de Lisa qui est clairement voué à l’échec dès le départ, mais qui titille la curiosité. Ensuite, l’arrivée de Clark, petit ami de Lisa et fan de Star Trek comme Solomon (donc parfait complément pour aider Lisa à « guérir » son nouvel ami), ajoute un peu de piquant à l’ensemble. En effet, Solomon est gai, Clark est beau, a de nombreuses affinités avec lui et… refuse depuis longtemps les avances de Lisa. Y aurait-il anguille sous roche?
Je n’étais pas convaincue au début du roman, car la narration me donnait l’impression que Lisa et Solomon avaient 12 ans maximum. Le choix des mots, les expressions, les façons d’être faisaient beaucoup plus jeune que leur âge supposé. Lisa était d’ailleurs particulièrement agaçante, égocentrique et persuadée d’être plus intelligente que les autres. Heureusement, à partir de la moitié du roman, l’impression change et les personnages prennent plus de coffre. En outre, John Corey Whaley ne tombe dans les habituels pièges et arrive à créer une histoire nuancée, crédible et touchante qui surprend le lecteur sans tomber dans le pathos.
Le petit plus? Le nom du personnage principal, Solomon, est un clin d’œil à un chercheur des années 50 qui a étudié la théorie d'exposition dans les phobies.
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