Petite fille ne sait pas comment réagir devant les pleurs de sa mère. Elle se réfugie dehors ou encore auprès de son chat. Grande fille fuit, elle aussi. Les commentaires des autres à l’école, l’alcoolisme de son père, la pression de performance. Elle n’est pas assez jolie, lui a dit son père, alors elle doit être performante si elle veut réussir dans la vie. Grande fille a survécu durant toutes ces années, mais à quelques mois du barreau, elle va imploser si elle ne laisse pas sortir la noirceur liée à ses souvenirs. Les souvenirs de sa mère…
Geneviève Mativat parle de deuil, de famille, d’origines amérindiennes et d’isolement dans ce court roman psychologique où le rythme est créé par l’alternance des chapitres. Assez sombre, il convient à tous les lecteurs de treize ans et plus.
C’est en découvrant les finalistes au Prix espiègle 2017 (découvrez-en plus ici !) que j’ai eu envie de lire ce roman paru en 2016, mais qui était passé sous mon radar. Et je remercie les bibliothécaires derrière ce prix de l’avoir mis en valeur parce que c’est un livre marquant, finement écrit. C’est d’ailleurs le style de Geneviève Mativat qui frappe d’abord, sa façon de présenter le personnage principal, dont le nom ne sera révélé qu’à la toute fin, à trois périodes de sa vie : Petite fille, Grande fille, Jeune fille.
En alternant de courts chapitres, elle permet au lecteur de découvrir tout à tour cette petite fille qui se réfugie dans la nature quand les cris se font entendre dans la maison et quand sa mère pleure, trop souvent, la Grande fille qui doit courir pour rentrer chez elle pour ne pas subir les coups de ses pairs, leur méchanceté, et vit sous la pression paternelle, puis cette Jeune fille, renfermée sur elle-même, isolée, aux prises avec des souvenirs qui la gardent dans l’ombre. Il y a de multiples thèmes abordés dans ce roman, mais tous apparaissent en différentes couches, par petites touches, comme une véritable peinture. Ce n’est d’ailleurs qu’à la toute fin que le lecteur a le portrait complet et peut comprendre chacune des facettes de ce personnage principal atypique.
Court, différent, marquant, ce roman de Geneviève Mativat s’inscrit dans la veine des classiques, de ceux qui restent parce qu’ils allient histoire forte et plume maitrisée. Chapeau.
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