Le monstrologue

Will Henry, orphelin de 12 ans, est l’apprenti du docteur Warthrop, un monstrologue au caractère bien trempé et à la patience… absente. À ses côtés, il a passé de longues nuits blanches et a vu des choses innommables, mais rien comme ce qu’amène le voleur de tombes ce soir-là. Dans son charriot se trouve le cadavre d’une jeune femme enveloppé par le corps d’un monstre terrible, un Anthropophagi, créature à la bouche située sur le torse dont les trois-mille dents peuvent broyer sans souci les os les plus résistants de ses proies humaines. Sous les yeux horrifiés de Will Henry, le docteur se fascine pour ce spécimen et est bientôt convaincu qu’il n’est pas seul et qu’une visite au cimetière s’impose. Là débute une histoire dont personne ne sortira indemne…

Avec ce roman d’horreur sans censure qui vise clairement un public de lecteurs avertis, Rick Yancey nous entraine dans la Nouvelle-Angleterre victorienne de 1888, dans les dédales sombres d’une ville attaquée par des monstres, mais aussi dans ceux de l’esprit humain.

Mon avis

Si vous n’aimez pas les livres d’horreur, mais que vous êtes tenté parce que vous avez aimé l’œuvre précédente de Rick Yancey… passez votre chemin. Ce roman suinte l’horreur : l’atmosphère est lugubre, certaines descriptions lèvent le cœur et les monstres présentés sont des abominations susceptibles de vous créer des cauchemars.

En effet, après le succès de la Cinquième vague, Rick Yancey aurait pu être tenté de rester dans la même lignée, mais ce n’est ici pas du tout le cas. Du tout. Si on retrouve l’efficacité de sa plume dans les scènes de bataille (peu nombreuses) et l’aspect très cinématographique de sa plume, ce Monstrologue est très lent, constitué de chapitres longs, davantage axés sur la psychologie que sur l’action. Si l’intrigue est néanmoins efficace, elle souffre de quelques longueurs. Toutefois, le personnage de Will Henry est très fort, attachant, et c’est lui qui fait en sorte qu’on tourne les pages sans relâche.

Par contre, le docteur Warthrop est détestable. Sa manie de répéter « Will Henry » à chacune de ses phrases, son égocentrisme, sa façon de donner des ordres sans offrir le moindre remerciement, alourdissent le récit et fatiguent. Si on lui découvre un aspect plus humain au fil du récit, il reste distant, énervant et la première partie du roman m’a paru plus fastidieuse.

Heureusement, le Dr Kearns (si c’est son vrai nom)appelé à la rescousse est lui absolument fascinant et redonne du souffle au récit (464 pages, c’est quand même très long). Comme Warthrop, cet homme est animé par une quête qui est au-dessus de tout et il n’a pas ou peu de considération pour les autres, mais là où le maitre de Will Henry est cassant, silencieux, désagréable, Kearns est dans l’humour, dans la folie, dans l’immoral. Il est fascinant et troublant à la fois et il sert l’intrigue. Une fois ce personnage intégré à l’aventure, difficile de refermer le roman avant d’avoir atteint la dernière page, d’autant que c’est à cet instant que l’action prend son envol.

En bref? Un roman qui comporte des forces et des faiblesses, qui plaira aux amateurs d’atmosphères sombres et qui, surtout dans la deuxième partie, se révèle accrocheur. Comme c’est le premier tome d’une tétralogie, Rick Yancey nous promet de nombreuses nuits blanches!

Merci aux éditions Robert Laffont pour le roman!