Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse
Un vieil homme se perd en forêt et se retrouve devant un immense château. Il « frappe à la porte qui s’ouvrit aussitôt. Comme il faisait bon dans ces grandes pièces ! Une agréable odeur de viande grillée flottait, d’énormes feux bleus crépitaient dans les cheminées, un délicieux repas était servi au salon. » Après une bonne nuit, il descend au jardin et cueille une rose qu’il a promise à une de ses filles. La Belle. Furieux du geste, le propriétaire du château, en l’occurrence la Bête, épargne l’homme s’il lui envoie sa fille. Malgré le refus de son père, Belle accepte le sort et, malgré la laideur de la bête, elle découvre peu à peu un homme bon.
On connait bien sûr la fin de ce conte traditionnel écrit au XVIIIe siècle par Madame Le Prince de Beaumont dans lequel la morale tend à démontrer qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que la bonté dépasse la beauté et l’intelligence. Si les plus jeunes sauront se laisser bercer par l’aspect mystérieux de l’histoire, les plus grands y trouveront des valeurs et des thèmes très contemporains. La jalousie, mise en scène par les sœurs mégères, le courage, la bonté et l’amour portent quant à eux tout le reste de la fable.
Gallimard n’en perd pas une. Alors que le film de Bill Condon est paru récemment sur nos écrans, l’album signé par Carole Martinez est décoré d’un bandeau sur lequel est inscrit « Au cinéma ». Le lecteur sera assurément attiré par cet outil marketing. Mais au-delà de ce premier coup d’œil, l’album en vaut-il la chandelle ? Si l’ouvrage reprend les grandes lignes du conte, certains petits détails ont été ajoutés, d’autres enlevés, le tout étant le propre de l’adaptation, ce qui est louable.
On reprochera peut-être l’ajout de bestioles, des mouches bleues, indiquant la route aux voyageurs et créant un effet rappelant ceux de Disney. Le texte écrit simplement, sans grandes descriptions, insistant surtout sur les dialogues, nous éloigne aussi quelque peu de la tension présente dans le récit original. Les illustrations épurées et très belles de Violaine Leroy colle à cette version peut-être plus légère. Les personnages faits d’un simple trait et les décors froids nous font prendre conscience de la modernité du conte, mais empêchent la magie d’opérer. Dans le lot de versions disponibles (je pense à celle parue il y a quelque temps chez Milan et illustrée par Anne Romby) celle-ci fait finalement figure pâle.
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