L'ile aux mensonges

Faith Sunderly a toujours été attirée par les sciences. Le fait que son père soit un célèbre naturaliste n’est pas étranger à sa passion, mais ce dernier lui ferme justement toutes les portes. Pour lui, la place d’une femme est à la maison, et non dans les recherches. Mais quand un drame oblige la famille à s’exiler sur une ile mystérieuse où les incidents se multiplient et où ils deviennent rapidement des parias, Faith a l’occasion d’utiliser ses connaissances et ses capacités de déduction. Le tout devient rapidement une question de vie… ou de mort.

Dans ce récit sombre qui marie histoire et fantastique, Frances Hardinge parle de la place des femmes dans un passé pas si lointain, mais aussi de la force des croyances, de vengeance et de secrets bien enfouis. Complexe, écrit dans une langue soutenue, ce roman s’adresse aux grands lecteurs.

Mon avis

L’ile aux mensonges a remporté le prestigieux prix Costa Book Award, remis en Angleterre. C’est seulement la deuxième fois que ce prix est remis à un roman jeunesse, la première ayant souligné le travail de Philip Pullman avec La boussole d’or, une référence exceptionnelle, et L’ile aux mensonges offre en effet une aventure captivante, à la hauteur des attentes.

Frances Hardinge met en scène une héroïne atypique, jeune femme trop intelligente pour son temps, qui se voit sans cesse rabrouée et remise à sa place, celle de bibelot. « La science avait décrété qu’elle ne pouvait être intelligente… et que si jamais elle l’était, par miracle, cela signifiait qu’elle avait en elle une tare terrible. » Mais voilà, les circonstances changent et, à la mort de son père, nébuleuse, Faith démontre toute la force de son caractère, toute son envie de liberté alors que la société la confine aussi sûrement que les baleines de son corset dans un rôle de figurante. 

Bien que loin de la réalité du lecteur, ce récit met en relief tous les changements qui ont eu lieu depuis cette époque, toute l’évolution de la réalité des femmes en général et des adolescentes en particulier, offrant une réflexion intéressante en plus d’une intrigante captivante, portée par une plume complètement maitrisée. Chapeau!

Merci à Gallimard pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!