Dans la cité de Canaan, chaque douze ans, tous les habitants oublient. Tout. C’est pour cela que le livre qu’ils doivent tous porter est si important puisque celui-ci recèle leur vérité. Mais Nadia se souvient. Et elle sait que son père, avant le dernier Oubli, a choisi de les rayer de sa vie, sa mère ses sœurs et elle. Elle connait l’horreur des derniers jours, quand tous les habitants savent qu’ils ne seront pas punis pour leur crime et qu’ils décident d’être complètement libres. Seulement, que peut-elle faire pour éviter que cela se reproduise? Et comment peut-elle utiliser ses souvenirs pour comprendre ce qu’est vraiment la cité de Canaan et ce qui se cache derrière ses murs?
Avec la Cité de l’oubli, Sharon Cameron mélange les genres. On est dans une cité sans technologie, où les habitants font tout avec leurs mains, mais on est aussi dans quelque chose d’autre, qui rappelle les dystopies et joue avec les codes de la science-fiction. Complexe, mais rythmé, le roman convient aux lecteurs intermédiaires et avancés.
L’univers mis en place dans ce roman aux accents dystopiques est vraiment intéressant. En effet, ce cycle de 12 ans au bout duquel tout est oublié, sauf ce qui est noté, ouvre la porte à de multiples possibilités… et aux pires horreurs. À l’approche de la fin du cycle, Nadia a peur. Déjà, on annonce un rationnement et l’adolescente sait que ce n’est pas le meilleur de ses compatriotes qui ressort quand l’Oubli approche… Pour trouver de la nourriture, Nadia sort des murs de la capitale. Mais quand Gray la surprend, son monde bascule. D’abord parce qu’elle s’attache à lui et qu’il l’oubliera bientôt, ensuite parce qu’à son contact elle réalise certaines choses. Comment se fait-il que les pierres du mur d’enceinte soient si droites, si lisses, alors que tout est fait à la main dans la cité? Pourquoi les dirigeants gardent-ils certains livres secrets ? Que se passe-t-il pour que tous oublient chaque douze ans? Et pourquoi?
Autant de questions auxquelles Sharon Cameron répond peu à peu, distillant les indices jusqu’à faire basculer son récit dans un genre différent. Si l’intrigue est complexe, la solution n’est pas facile et c’est une histoire intelligente, qui remet en question notre propre rapport à la mémoire et qui est ponctuée d’assez de rebondissements pour nous garder bien captifs. Attention, c’est un livre difficile à déposer en cours de route!
À noter, le roman est paru au Québec chez Scholastic et en Europe chez Nathan avec cette couverture :
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J'adore l'idée, qui me rappelle un peu le haut concept de La Fonction d'André Marois (pour adulte, par contre!)