Talia, 7 ans, vit paisiblement au Soudan avec son grand frère Kalam, sa maman enceinte et son papa jusqu’au jour où, bousculée par les problèmes qui sévissent, la famille est forcée de quitter le pays pour une terre plus accueillante. « C’était un long voyage […] on s’arrêtait parfois pour manger et aussi pour prier. Le chauffeur faisait hurler la radio comme si on partait au marché, mais on était dans le désert […]. Et puis un jour, j’ai vu la mer pour la première fois. »
Dans le tumulte qui bouscule les gens vers le bateau, Kalam s’éloigne, puis disparait, perdu dans la foule. La famille fera la traversée sans lui, espérant le retrouver de l’autre côté. Un voyage long, épuisant, pendant lequel la petite sœur naitra, boule grouillante de vie au milieu des flots.
C’est une énième, mais pertinente, histoire sur cette difficile réalité qu’est celle des exilés et des réfugiés qui doivent braver mer et monde pour espérer retrouver ailleurs un peu de douceur et d’humanité. Les thèmes de la peur, de la séparation, mais aussi de la fratrie heureuse et de l’espoir sous-tendent ce récit lumineux. Si le sujet de l’album peut plaire aux adolescents, le traitement, léger, et le ton candide conviennent davantage aux préadolescents.
Premier récit pour Colette Hus-David qui parvient à témoigner des migrants avec douceur et délicatesse. La séparation de la famille, la nouvelle vie moins reluisante que promis qui attend ses membres, les efforts entrepris par le papa pour avoir des papiers, tout ça est bien palpable, mais est enveloppé d’une aura d’espérance qui surpasse le drame. Talia se refait des amis, vit au diapason des jours, pense souvent à son frère toujours absent, témoigne à sa façon du temps qui passe en parlant de sa petite sœur Anisa qui sait marcher, qui la « suit tout le temps dans ses petites bottes rouges ».
Les illustrations de Nathalie Dieterlé participent aussi grandement à cet effet. La candeur du trait, l’abondance de couleurs et les variations de plans dynamisent le récit et expriment cette vie qui continue, malgré tout. La scène finale présente un portrait de la famille réunie sur une seule page, signe que parmi toutes les histoires d’horreur existe un renouveau, un demain fait de tous les possibles.
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