Au début, il y a la « déviation de la piste », la douleur de la séparation, les premiers pas du voyage.
« la route trace ma longue cicatrice / me rapproche de tes éloignements »
Puis il y a la peine qui engourdit tout, le temps de saisons qui passent.
« parviendrais-je à extraire ton sang de mes veines »
Finalement, la douleur se fait plus ténue, laisse un peu de place pour soi, pour l’espoir. Le chemin est de nouveau ouvert et la pèlerine reprend pied.
« le détachement chausse des trente-huit »
Linda Brousseau explore les émotions de la fin d’une relation amoureuse dans ce recueil de poésie. Entremêlant la peine et le voyage, elle propose une œuvre en trois temps qu’on peut lire d’un seul souffle où au fil de ses propres errances.
Je parle peu de poésie parce que je ne me sens pas outillée pour le faire. Pourtant, c’était le genre qui parlait le plus à l’adolescente que j’étais parce que c’est celui des émotions pures, des agencements de mots comme autant de tableaux. Et j’ai retrouvé intacte cette passion à la découverte des mots de Linda Brousseau, avec ce recueil de poésie magnifique qui rend si bien toute la force de la peine d’amour, ce sentiment que le monde ne tourne plus, ne tournera plus jamais. Ce besoin de se complaire dans les souvenirs pour espérer les faire revivre.
Et pourtant, il y a un mouvement perpétuel, à la fois dans le déferlement des émotions et dans la vie réelle, puisque la narratrice voyage, bouge. Dans la première partie, en vol, elle reste dans les souvenirs de l’amour, de l’autre, de la fusion. Du détachement initial à son arrivée de l’autre côté de l’Atlantique.
« zone douanière à franchir
rien à déclarer
passage à vide
deuxième contrôle
j’avais oublié
les orages dans mes bagages »
Puis en Europe, elle berce son chagrin le temps de quelques saisons et tout l’engourdissement traverse les pages avant qu’elle ne reprenne la marche dans la troisième partie, avant de reprendre la marche, la route, de s’ouvrir à un possible futur. « nous ne pleure plus »
Il y a ici de quoi rêver, lire et relire, lire encore. Parce qu’il y a de véritables œuvres d’art cachées au fil des pages et des détails qui parleront à tous ceux qui ont aimé… et aux voyageurs aussi, avec une suite de détails qui tracent le parcours de la narratrice. Beau.
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire