Chloé est grosse. « Presque vingt kilos de chair en trop, des pneus autour du ventre, des fesses qui débordent des chaises, des troncs à la place des jambes, des doigts comme des boudins apéritif, un visage rond comme la lune…». Quentin, lui, préfère nettement les ordinateurs et les jeux vidéos aux contacts humains. Le fils rêvé de sa mère, c’est Olivier. Lui, il est une déception.
Un été, les deux se croisent aux Cigales, un village de vacances au bord de la mer. Leur amour sera presque instantané, mais il faut faire face au regard des autres. Aux regards des siens. Et quand Olivier débarque, Quentin n’ose pas affronter ses railleries. Quitte à perdre Chloé.
Raphaële Frier signe ici un court roman à deux voix où l’alternance des points de vue permet au lecteur de découvrir chacune des réalités des héros. Parlant de poids, de différence, d’amour et de chagrin d’amour, l’auteure peut rejoindre tous les lecteurs.
Je l’ai commencé sans trop d’attentes, mais je me suis rapidement trouvée emportée par ce roman. Les chapitres courts qui se succèdent en alternance créent un rythme rapide et permettent au lecteur de voir les deux côtés de la médaille, ce que les silences de l’un et de l’autre révèlent, ce qu’ils veulent cacher.
Cette histoire d’attirance improbable est riche en résonnance. D’abord parce que les émotions d’un amour naissant sont parfaitement rendues par Raphaële Frier, ensuite parce que plusieurs se reconnaitront dans ces corps imparfaits qu’on a parfois bien du mal à accepter, à trainer devant le regard des autres.
« J’ai compris qu’elle avait l’habitude de manger des couleuvres en marchant dans la foule. »
Si on peut reprocher à la finale de mettre de côté certaines problématiques (la boulimie, entre autres) abordées dans le récit, n’empêche que ce roman insuffle une dose d’espoir… et pourrait abattre bien des préjugés.
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