Été 1942. Paris. Lise a treize ans et change peu à peu, quittant l’enfance pour l’adolescence, alors que l’Occupation se fait de plus en plus pressante. Si elle ne pratique pas, elle est tout de même juive et sa famille se retrouve bientôt ciblée par les rafles. Le 16 juillet, alors qu’elle dort chez des voisins pour éviter un soldat allemand un peu trop insistant, elle voit ses parents et ses petits frères être arrêtés. Se précipitant au commissariat, elle réussit à sauver les jumeaux, mais pas ses parents, amenés au vélodrome. Il faudra dès lors vivre cachés, apprendre à accepter la réalité et garder bien au chaud l’espoir de jours meilleurs…
Après Max et les poissons écrit pour un public plus jeune, Sophie Andriansen revient à la Deuxième Guerre mondiale avec ce roman qui s’intéresse à la réalité d’une adolescente juive à Paris durant l’Occupation allemande. Abordant les thèmes de la solidarité, de la famille, de la fuite et de l’espoir, elle signe un récit davantage psychologique que dans l’action qui convient aux lecteurs intermédiaires.
C’est d’abord la plume qu’on remarque. Douce, délicate, formant des phrases ciselées, des images qui esquissent rapidement le portrait des personnages, du contexte.
« Aujourd’hui, en cette journée du 16 juillet aussi ensoleillée qu’inquiétante, je sais que l’idée de n’avoir rien à craindre n’est plus une hypothèse à considérer. »
Le récit débute juste avant la rafle qui changera la vie de Lise, mais on remonte avec elle dans ses souvenirs pour découvrir les prémisses de la guerre. Quand tout cela ne semblait pas possible. Quand les premiers signes sont apparus. Quand elle a dû aller visiter une exposition anti-juive avec sa classe, quand elle a dû porter l’étoile jaune, quand ses parents ont vu leur atelier, Bobine Bimbam, fermé. À travers son histoire, c’est aussi celle de la rafle du « Vel d’hiv’ » que l’on découvre, pendant laquelle 13 000 juifs, adultes et enfants, ont été arrêtés puis déportés. Le tout vu à travers les yeux d’une adolescente, une histoire dont le fil d’Ariane est cette hirondelle du titre qui revient sporadiquement, une autre force du récit.
La voix de Lise est aussi particulière. Elle est à l’âge où on se questionne, où on découvre les choses. Finie, l’insouciance de ses petits frères. Elle se pose des questions sur la guerre, mais aussi, à la fin, sur la joie, sur la paix. Sur l’après. Elle a une une voix en laquelle on croit. Pleine d’incertitude, mais aussi profondément authentique.
Bref, il y a du très bon dans ce livre, on aurait seulement aimé qu’il reste aussi puissant tout au long. En effet, si le début est assez lent, prend le temps de raconter les évènements, à partir du dernier tiers on est dans une suite d’ellipses qui ne permettent pas de bien sentir l’ambiance. Tout va trop vite. Et si le lecteur est heureux de voir arriver la fin de la guerre et de voir ce qu’il advient des personnages, on aurait pu aller plus loin dans le récit.
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire