À la fin du XIXe siècle, en Dalmatie, une jeune fille de dix ans doit fuir son village suite au décès de sa grand-mère, sa seule famille. Se rendant à Spalato, la ville la plus proche pour trouver un travail qui lui permettra de subsister, Ana se rendra rapidement compte que les options pour une fille comme elle sont peu nombreuses et désastreuses. Heureusement, son chemin croise celui d’une bande de gamins des rues qui volent pour survivre, avec la mystérieuse Dunja à leur tête. À leur contact, elle développera de nouveaux talents et un sens de la solidarité. Jusqu’à ce qu’elle joue les pickpockets sur un homme qui demande de l’aide en français. La langue que sa grand-mère lui a apprise, celle qu’elle chérit tant. Alors quand M. Roland lui propose de venir vivre en France, elle accepte. Mais Dunja et la Damatie la retrouveront dix ans plus tard… et commencera une aventure exceptionnelle.
Dans ce récit gargantuesque de plus de cinq-cents pages, Yann Fastier navigue entre différents thèmes et différents genres. On est à la fois dans un récit historique, un roman initiatique ainsi que dans une aventure captivante. Pour grands lecteurs!
C’est à une véritable épopée que nous convie ce roman divisé en quatre parties, autant d’étapes de la vie d’Ana, autant de parties fort différentes puisqu’on change d’ambiance, de lieu, d’intrigue, tout en gardant le même fil conducteur. On aurait pu faire quatre tomes (sacrilège), mais l’éditeur a heureusement choisi de mettre en un seul pavé cette aventure qui se lit d’un trait (enfin, façon de parler), qu’il aurait été difficile d’entrecouper.
Au début du récit, c’est avec une Ana timide, peu en contrôle de son destin, que le lecteur fait connaissance. Puis, au fil des rencontres, des aléas de la vie, on la voit cheminer, se développer, prendre confiance, jusqu’à la révélation de la dernière partie. Le grand talent d’Yann Fastier, c’est qu’on ne se doute pas du tout de la direction que prend le récit à ce moment… alors qu’une fois que cela est annoncé, tout semble y avoir mené. Cette dernière partie est d’ailleurs la plus captivante (mais je n’en dirai pas plus parce que je ne veux pas gâcher votre propre plaisir) ! Par ailleurs, on sent que l’ensemble du récit est travaillé, fouillé, que l’auteur a fait des recherches sur les mœurs de l’époque et qu’il nourrit les lecteurs avec des détails sans jamais trop appuyer. L’écriture est tout aussi ciselée, c’est donc à la fois une lecture passionnante sur le fond et la forme!
Le plus? C’est publié chez Talents hauts, un éditeur qui met l’égalité des genres au centre de sa politique éditoriale, si bien qu’on a une héroïne forte aidée par des hommes oui, mais pas que, qui se définit au fil des pages.
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