Tout commence par un restaurant « où on servait de la graisse sous forme de hot-dogs, de hamburgers ou de poutines » près d’une école et de cette viande blanche vraiment surprenante – absolument succulente – proposée au personnage principal. Mais qu’est-ce donc? Et en fait, qui est ce personnage? Quel est son rôle? Et que fait-il là? Comment je suis devenu cannibale, c’est donc à la fois un récit qui se construit sous les yeux des lecteurs, et tout le récit de sa création, raconté directement au lecteur par François Gravel.
Entre l’essai et la fiction, entre le documentaire et le mystère, Comment je suis devenu cannibale est un récit surprenant qui ravira ceux qui ont envie de savoir ce qui se passe dans la tête de François Gravel (et de plusieurs autres auteurs). Écrit à la première personne comme si l’auteur s’adressait directement à ses lecteurs, le roman est accessible à tous.
C’est vraiment à « l’histoire d’une histoire » que nous convie François Gravel avec ce court roman où il se dévoile en tant qu’auteur, partant de son point de départ pour nous entrainer dans toutes les circonvolutions de sa pensée, alors qu’il donne de la chair à son personnage principal, qu’il choisit le point de vue du narrateur après différents essais, qu’il fait entrer les personnages secondaires, qu’il définit son titre, qu’il crée le mystère autour de cette viande « délicieusement épicée » à l’origine inconnue.
Ça aurait pu être long et ennuyant, trop didactique, trop théorique, mais c’est à la fois fascinant, instructif et captivant : un véritable tour de force! Je ne me suis jamais ennuyée au cours de ma lecture, intéressée à la fois par l’histoire de ce Thomas (qui a failli s’appeler Hipolyte ou Herménégilde, noms qui ont été mis de côté parce qu’ils auraient été une source de distraction inutile) et de ce qui l’amène au restaurant en question et par le regard de François Gravel sur son texte. C’est comme s’il était à côté de moi tout au long (d’ailleurs, il nous dit quand il prend des pauses, quand il revient à son bureau, nous indiquant par exemple qu’il va laisser mariner ses idées le temps d’un jogging). En fait, à la fin de ce roman, on a un peu plus l’impression de le connaitre… et on ne verra jamais plus ses textes sous le même œil.
Le petit plus? Les petites piques lancées aux « bien-pensants » littéraires et aux enseignants qui disent parfois, pour essayer d’en démontrer l’utilité à leurs élèves, que tout bon auteur fait un plan détaillé. Jouissif!
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Merci, Sophie!