« Cerveau lent, irritabilité, démangeaison du cuir chevelu, difficulté de concentration », pas de doute, Granita Vanderschmukvargen est atteinte du syndrome de la page blanche. Selon le Grand guide médical, cette maladie est assez fréquente chez les artistes et il n’existe aucun vaccin pour s’en protéger. Coup de chance, surgit alors de son pot à crayons une petite fille en pyjama qui lui assure qu’elle peut l’aider. Mais cette dernière n’a pas toute la journée alors il faut se mettre au travail.
S’en suit des échanges entre Granita et ce petit personnage qui, mine de rien, parviendra à changer les idées à l’auteure et au final créer une histoire pas piquée des vers.
Jouant d’humour et de légèreté, Lou Beauchesne signe ici une aventure qui met de l’avant non pas les thèmes attendus de la princesse, du prince et de leur avenir heureux, mais plutôt celui de l’inspiration soutenu par ceux de l’écriture et de la lecture. Si les plus petits se laisseront porter par la candeur de l’ensemble, les plus grands retrouveront une situation sans doute déjà rencontrée dans un cours de français.
L’auteure use d’une très belle tactique pour faire valoir son sujet. En optant pour un titre accrocheur, Beauchesne dévie ainsi les horizons d’attente. Parce qu’une fois entré dans la fiction, le lecteur ne peut que se laisser porter par cette petite fillette désinvolte qui mène madame Vanderschmukvargen par le bout du nez. Cette dernière se fait complètement envahir par ses personnages et parvient à retrouver son inspiration. Si Beauchesne offre une jolie histoire, elle aurait dû prendre fin quelques cinq pages plus tôt. La finale dévoile ce que le lecteur aurait pu imaginer seul, ce qui enlève du poids et de la singularité à l’ensemble.
Ce petit roman – parce qu’il ne s’agit pas ici d’un album – est illustré par Anne Rodrigue, qui d’un trait animé, flirtant avec la bande dessinée, met en scène des personnages pétillants. Bien sûr, les variations de plans appuient le rythme déjà bien en place dans le texte. Et, le choix de n’utiliser que la couleur bleue plonge les lecteurs dans un monde parallèle qui appui l’imaginaire mis en scène.
Histoire mignonne sans doute, mais nous sommes loin de La bergère de chevaux écrit par Christiane Duchesne, il y a quelques années déjà, dans lequel elle abordait cette relation entre personnages et auteur avec une poésie qui ne trouve pas ici son égal.
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