Le roi serpent

 
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« Et quitte à vivre, autant accomplir des choses douloureuses, courageuses et belles. »

Il y a Lydia. Étoile filante dans cette petite ville du sud où les perspectives sont minces. Lydia dont les parents gagnent bien leur vie et qui est une véritable star du web avec son site sur la mode et ses envies, qui a bien l’intention de partir vivre dans un appartement new-yorkais dès la fin de ses études.

Il y a Dill. Dill dont le père est en prison et dont la mère l’accuse d’avoir menti, lui qui a été élevé dans une famille conservatrice et croyante, fils d’un prédicateur jadis très influent, qui se détourne du « droit chemin » et ose penser qu’il pourrait continuer ses études au lieu de travailler pour un salaire de misère dans des petits emplois sans lendemain. Dill qui en veut aussi à Lydia de pouvoir partir. De vouloir le faire.

Il y a Travis. Adolescent hors norme tant par sa taille que dans sa tête, Travis se réfugie dans les romans de fantasy pour oublier la violence de son père et son futur tracé d’avance.

Avec ce roman à trois voix, Jeff Zentner parle d’adolescence en général, d’amitié et d’émancipation, mais aussi beaucoup de religion via la situation familiale de Dill. Plongeant son lecteur dans la lourdeur des esprits d’une petite ville du sud des États-Unis, il signe un roman intense qui s’adresse aux lecteurs avisés.

Mon avis

C’est un livre qui aurait pu être cliché. Mais qui ne l’est pas. C’est une histoire plus grande que nature et pourtant tout à fait à hauteur d’adolescents, avec des personnages bien incarnés, des histoires parallèles qui résonnent en nous, un cadre actuel… et de nombreux rebondissements qui font que, même si on est dans un récit psychologique qui laisse une grande part à l’émotion, on ne s’ennuie pas du tout. En fait, après avoir mis quelques dizaines de pages à embarquer, j’ai dévoré ce roman, incapable de m’arrêter.

Il faut dire que Jeff Zentner maitrise la structure de son roman et raconte avec brio les tourments de la fin de l’adolescence, quand le monde adulte est si près, mais si loin à la fois, quand les parents ont encore une emprise, mais qu’on goute à la liberté. Avec son trio de personnages principaux, il peut ainsi aborder différentes réalités : la vie plus paisible de Lydia (son père est absolument extraordinaire), la violence familiale qui règne chez Travis et, la plus frappante et celle sur laquelle l’emphase est mise, le côté ultrareligieux de la famille de Dill. Plusieurs blogueurs ont par ailleurs reproché à l’auteur de trop appuyer sur l’aspect religieux, mais je dois dire que ça ne m’a pas dérangée. J’ai été sonnée par certains passages et j’ai ressenti une grande frustration en voyant à quel point les gens sont aveugles (la mère de Dill est terrible, vraiment) et à quel point la vie de l’adolescent est hypothéquée par ce que son père a fait. Bref, pour moi ça ajoutait à ce récit qui était déjà très fort. D’ailleurs, Lydia, Dill et Travis restent longtemps dans notre esprit une fois la lecture complétée. Vous êtes prévenus.  

Merci à Pocket Jeunesse pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 22 avril 2019.

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