Il y a Roxanne, l’élève parfaite, qui, sans qu’on comprenne pourquoi, a traité une enseignante de bouffonne. Il y a Gabrielle et ses blagues toujours limites, qui a poussé un élève sur le quai du métro lors d’une sortie scolaire, l’empêchant de rejoindre la rame du groupe. Il y a Arthur, dit Ricochet, qui a joué les héros sur internet avec ses exploits de parkour filmés en salle de classe. Il y Coline, la petite timide de sixième, qui a brisé du matériel informatique. Et il y a Rubens, parce que c’est Rubens et que, quand il a fallu trouver un coupable pour un crime dégoutant, il était tout désigné.
Cinq élèves et quelques adultes, le directeur adjoint qui a envie que la journée les fasse réfléchir, le CPE qui veut seulement les punir, le surveillant en manque de pouvoir et la conseillère-d’orientation qui tient à les faire parler. Une journée de colle dont tous ressortiront changés.
Avec ce roman qui se déroule le temps d’une journée sous forme de huis-clos, Sophie Laroche aborde différentes questions liées à l’adolescence et à la dimension scolaire. Abattant les préjugés, montrant que l’ouverture vaut souvent mieux que la fuite, elle s’adresse tant aux adolescents eux-mêmes qu’au personnel éducatif.
La prémisse est vraiment intéressante, avec cette journée d’exclusion-inclusion, à passer en groupe à l’école, et ces heures qui défilent, avec les cinq personnages qui ont tous des personnalités fort différentes. Sophie Laroche entraine aussi ses lecteurs dans les coulisses des prises de décision, là où on se rend compte que les luttes de pouvoir et d’influence ont aussi lieu chez les adultes (et que ce ne sont pas toujours les plus brillants qui ont les meilleurs postes). La prof en moi a beaucoup souri lors de la première partie de la journée, alors que le surveillant tente de maintenir le calme et le respect… mais s’y prend mal. Ça donne lieu à des scènes amusantes et on y voit les caractères qui se dévoilent, on a le temps de découvrir un peu chacune des personnalités avant qu’arrive l’après-midi. Parce que là est le cœur du roman. Dans cette discussion théâtre orchestrée par la COP (conseillère d’orientation) qui a l’intention de faire rejouer par chacun des exclus la raison de leur sanction. Parce que rejouer le fil, c’est s’ouvrir à l’autre, c’est aborder son propre ressenti. Et que ça fait voler en éclats plusieurs carapaces. Les discussions sont intenses, la conseillère a parfois peur de perdre pied, mais ce qui se passe est aussi vraiment chouette.
La pessimiste en moi a trouvé que la fin était un peu trop rose. Les personnages agissent trop souvent comme des pièces de puzzle, ayant en eux la réponse aux besoins des autres et le tout est amplifié par deux épilogues, après la journée, qui viennent encore appuyer sur le côté positif. Mais la positive en moi a envie de croire que, parfois, les astres sont alignés et qu’un prof qui a confiance en ses élèves et se fie à son intuition peut arriver à faire sortir le meilleur de chacun.
En bref? Un livre qui nous amène à réfléchir à nos gestes, mais aussi aux étiquettes qu’on se donne les uns les autres. À faire circuler chez les ados, mais aussi chez ceux qui travaillent avec eux!
Le petit plus? À la manière d’un flip book, le livre donne l’heure :)
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