Ballotée au fil des pérégrinations de sa mère comédienne, Joyce va de lycée en lycée et n’entretient aucune relation amicale. Le seul port d’ancrage qu’elle peut avoir, c’est la maison de sa grand-mère où elle se réfugie annuellement depuis son enfance. C’est d’ailleurs là qu’elle va commencer l’été, aspirant simplement à un peu de calme. Mais dans la forêt de son enfance, elle fera deux rencontres marquantes, deux femmes qui cherchent aussi leur voie et un arbre, Bernard, qui lui offrira le cocon dont elle a besoin pour s’épanouir.
« Bien sûr, on m’a dit de ne pas parler aux inconnus. De ne pas accepter de bonbons. Ou de pommes rouges. Mais personne n’a jamais mentionné la possibilité d’une proposition comme « Tu veux monter sur un arbre qui s’appelle Bernard ? » »
Avec On habitera la forêt, Esmé Planchon parle de solitude, de ces lignes de vie parfois différentes qui confinent à la solitude, du besoin de se poser, de reprendre contact avec la nature, de l’engagement solidaire. Mettant en scène des personnages féminins forts, elle signe un livre qui verse plus dans la psychologie que dans l’action et qui est traversé de poésie.
La couverture est attirante, l’histoire sympathique et l’écriture d’Esmé Planchon, à la fois douce et pleine d’images, vraiment agréable à lire.
« Les poèmes, ça marche mieux comme ça, en marche dans les jardins. Connaître un poème par cœur, ça me donne l'impression de m'habiller avec, enroulant les mots autour de mon cou, ajustant les virgules autour de mes hanches. C'est bien, c'est doux. Je n'avais jamais pensé qu'un poème pouvait faire un si bon pull. »
Les personnages féminins sont aussi savoureux, Joyce d’abord, qui parle aux limaces, découvre Rimbaud, cherche sa place. Sylvia (ma préférée) ancienne enseignante de français qui a décidé se percher tous les jours dans un arbre, vêtue de complets colorés. L’animatrice dépitée dans une colonie de vacances, fille d’action et de bricolage, qui vient leur créer une maison et mettre de la vie dans le quotidien des deux rêveuses apporte finalement une dynamique intéressante.
Bref, j’aime l’idée qu’on puisse s’inventer une vie et se reconstruire, la folie qui parsème ce récit, la lenteur aussi. Mais les derniers chapitres s’égarent un peu avec l’annonce de la forêt rasée, le spectacle si vite monté pour la sauver. C’est comme si tout à coup il « devait » se passer quelque chose et le tout se termine trop bien pour être crédible. Oui, il est question de l’importance de sauver l’environnement, mais c’est seulement effleuré si bien que ça n’a pas d’impact (si le sujet vous intéresse, c’est Les nouvelles vies de Flora et Max qu’il faut lire !). Bref, je termine cette lecture un peu mitigée..
P.S. C’est le deuxième livre que je lis à propos d’une vie dans les arbres (après le très beau Du haut de mon cerisier) et qui fait référence au Baron perché d’Italo Calvino et je commence à penser que c’est un message… devrais-je me plonger dans le classique ?
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