Depuis leurs huit ans, quand elles s’ennuient, Marie et Nathalie jouent à « Si on était », s’inventant des vies ailleurs, dans l’espace ou dans le temps, imaginant ce qu’elles pourraient être. Marie la timide et Nathalie la fonceuse mettent donc leur imagination en commun pour se renouveler constamment alors que le jeu les aide souvent à surmonter les obstacles du quotidien… et des joies de l’adolescence.
Prépubliées dans le magazine pour adolescents Curium, les planches de « Si on était » sont réunies ici dans une bande dessinée au plus grand bonheur des lecteurs, avec trente planches supplémentaires qui offrent plus d’information sur les héroïnes de façon tout aussi amusante, que ce soit des listes de ce qu’elles préfèrent ou détestent (le tout commenté par le duo), des extraits de journaux intimes ou d’autres délires encore. Au fil du récit, Axelle Lenoir aborde le thème de l’adolescence en général, mais aussi ceux de l’amitié, de l’identité sexuelle et des apparences.
J’ai été conquise par le diptyque L’esprit du camp d’Axelle Lenoir (qui publiait alors sous un autre nom) et cette nouvelle bande dessinée décalée et délurée qui joue sur l’humour et met en scène des adolescentes actuelles dans lesquelles les lecteurs peuvent se reconnaitre m’a tout autant plu même si on est complètement ailleurs.
Il faut dire qu’Axelle Lenoir a un talent tout particulier pour rendre l’adolescence et ses particularité, et que ses personnages féminins, ici comme dans L’esprit du camp, sont tout à fait crédibles, et évitent les clichés habituels, à la fois fragiles et forts ; timides et extravertis, faits de paradoxes. La dynamique entre les deux principales protagonistes est particulièrement intéressante, avec la naïveté de Marie, qui, on le comprend très vite, préfère Netflix à l’étude, mais semble toujours positive, et le sarcasme de Nathalie la curieuse, qui est celle qui apporte souvent le contexte historique et donne un cadre aux visions délurées de son amie (mais pas toujours !). On s’amuse avec les histoires sous forme de sketchs, mais encore plus quand Axelle Lenoir fait des mises en abime pour expliquer la mécanique d’une blague ou encore les changements graphiques selon les univers, comme les comics strip ou les mangas. De plus, au fil des pages on quitte les récits purement imaginaires pour aller vers quelque chose de plus dense, alors qu’un nouveau personnage fait son apparition, Jane Doe (j’ai ri), ce qui amène la bédéiste à parler aussi d’orientation sexuelle.
Décidément, Axelle Lenoir, qui dit elle-même qu’elle a « un gros côté ado », est un incontournable pour ce public. Vivement autre chose à se mettre sous la dent.
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