Yakov n’a pas le temps de penser aux étoiles : il doit surveiller ses petites sœurs et faire ses classes à l’épicerie familiale que son père souhaite lui léguer. Mais le garçon est fasciné par l’espace et ses mystères. Son rêve à lui, c’est d’être astronaute, et quand il accompagne Sarah, Rivka et Fanny au parc, il se plonge dans ses lectures spatiales.
« Être dans la lune, c’est parfois agréable, mais on se sent vite seul. »
Aïcha non plus n’a pas le temps de penser aux étoiles : elle doit surveiller ses trois frères et respecter des règles familiales bien précises. Mais sa passion est si grande qu’elle ne rate aucune occasion pour en découvrir davantage sur l’univers et ses secrets.
Quand leur chemin se croise sur un banc de parc, les enfants deviennent inséparables, « comme des étoiles jumelles ». Mais ce lien qui se tisse entre eux, nourri par les échanges et leur passion commune, ne fait pas l’affaire des adultes qui les entourent. Après tout, Yakov est juif et Aïcha, musulmane…
Avec son habituelle sensibilité, Jacques Goldstyn signe un album qui est une ode à la passion et à l’essentiel dans un monde où les barrières sont bien souvent culturelles et érigées par les adultes. Avec ce récit où la langue et les illustrations font une large part aux étoiles, l’auteur s’adresse à tous les publics!
Les étoiles entraine ses lecteurs dans le quartier du Mile-End à Montréal, avec ses bagels, ses escaliers, ses maisons, sa population éclectique… et ses différentes religions. Toutefois, si le thème aurait pu en froisser certain, Jacques Goldstyn navigue avec aisance dans son récit, évitant les écueils grâce à l’humour, notamment, et aussi et surtout parce qu’il met l’accent sur ce qui nous rapproche au lieu de ce qui nous sépare. Ce sont les rêves des enfants qui sont au centre de cette histoire qui montre l’importance de s’accrocher à ses rêves et d’y croire, malgré toutes les barrières que la vie (et les adultes) peut mettre sur notre chemin.
Le thème est porteur, le texte est tout en sensibilité, à hauteur d’enfant, mais aussi riche en sens (et en détails), ce qui interpellera les plus vieux. J’adore le passage sur les orteils et encore la visite à la bibliothèque située dans une ancienne église (ce qui permet aux deux amis de lire un instant baignés dans la lumière des vitraux catholiques…), mais ce sont les illustrations qui ravissent particulièrement.
La structure est éclatée avec des pages sans texte pour rêver un peu, prendre une grande respiration, des cases sans contour qui s’agencent au gré du récit, une prédominance du bleu pour l’espace, mais aussi des éclats, notamment pour la chevelure d’Aïcha, que Yakov compare à un « nuage interstellaire » et qui n’est rien de moins que splendide.
Bref, Après L’arbragan et Azadah, entre autres bijoux, Jacques Goldstyn revient avec un nouvel album essentiel et magnifique, de ceux qu’on a envie de lire et relire. Pour petits et grands!
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire