« Pour l’instant, ma tête est comme une grande maison vide aux murs lisses. » Suite à un accident, Romain se réveille à l’hôpital en ayant perdu toute sa mémoire. Non seulement il ne reconnait plus ses parents, mais il ne reconnait pas non plus son reflet dans le miroir. Qui est-il ? Et les choses ne s’arrangent pas quand il retourne à l’école : c’est comme si la personne qu’il est en ce moment ne concorde pas du tout avec ce qu’il devrait être, ce que les autres lui renvoient. Toutefois, s’il a rapidement l’impression que le Romain d’avant faisait bande à part, il croit que le nouveau Romain peut quant à lui devenir populaire. Mais peut-il fait confiance à Elias ? Ou devrait-il suivre son instinct et continuer à trainer avec cette Adeline qui semble rejetée elle-même ?
Écrit sous forme de journal intime, ce récit parle de mémoire, bien sûr, mais aussi des dynamiques adolescentes à l’école, de la popularité et de la pression parentale. Il est accessible à tous les lecteurs.
Ayant moi-même des soucis de mémoire suite à un accident, je ne pouvais qu’être interpelée par cette histoire qui débute intensément, alors que Romain ne se reconnait plus. C’est davantage psychologique, oui, mais Nathalie Somers a aussi construit son récit de façon à ce que Romain (et le lecteur du même coup) se rende compte rapidement que quelque chose cloche dans son entourage, qu’il y a des zones d’ombre qui pourraient être problématiques. Son père, notamment, semble être sur le qui-vive et possède un caractère fort, limite inquiétant, comme toujours sur le point de craquer. Sa mère quant à elle est une femme effacée qui le nourrit avec des plats végétariens inventifs (mais pas toujours réussi). Sa chambre est lisse, ne révélant aucun détail sur qui il est. Et à l’école… comment se reconnaitre dans le regard des autres ? Romain (et le lecteur) invente donc des hypothèses, ce qui permet de rendre la lecture plus captivante.
Difficile d’en dire plus sans dévoiler de punchs, mais disons que l’éducation de Romain l’a préparé, conditionné, à ne pas parler trop fort… ce qui a fini par le mettre en difficulté. Et que ce qui a causé son amnésie est plus complexe que ce qu’on pouvait penser, ce qui permet à l’autrice d’aborder une foule de thématiques vraiment intéressantes autour de l’adolescence et des dynamiques scolaires.
Le petit plus ? Le personnage d’Adeline est en surpoids et isolée, mais elle est une tête forte et semble peu se soucier du regard des autres, un modèle positif qui rappelle un peu celui de Jeune Juliette, film sorti en cet été 2019 au Québec.
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