Née dans une famille pratiquante, Xiomara devrait aller à la messe tous les dimanches, suivre attentivement les cours pour sa future communion sans poser de question et, surtout, cesser d’attirer le regard des garçons. Mais voilà, la jeune Dominicaine a hérité d’un corps tout en courbes qui lui vaut bien des clins d’oeil et des commentaires au quotidien et, si sa mère voudrait qu’elle se contente de tenter de disparaitre aux yeux des autres, elle ne sait répondre aux agressions de la vie que par sa fougue, ses poings, ses mots. C’est dans l’écriture poétique de Xiomara s’échappe et raconte ses doutes, ses envies, sa relation naissante avec Aman, ses inquiétudes pour son frère et son besoin de se permettre d’être qui elle est, vraiment.
Signé Poète X est un roman en vers libres qui a gagné de multiples prix à sa sortie aux États-Unis et qui met en scène une héroïne forte qui remet en question son univers et aborde sa sexualité. Écrit dans une langue percutante, accessible, il convient à tous les lecteurs, dès 13 ans.
« Et je pense à tout ce qu'on pourrait être si on nous disait pas que nos corps sont pas faits pour. »
Il y a de ces livres qu’on sait qu’ils nous resteront longtemps en tête. Celui en fait partie. Dès les premiers mots, on sent la force de l’écriture, de la voix féminine, des réalités qui sont présentées au fil des pages et des vers. Elizabeth Acevedo parle avec expérience des changements du corps, des doutes liés à la religion (et de la pression familiale sur le sujet), du besoin de s’épanouir aussi, dans ce qu’on est vraiment, le tout dans un décor américain qui tranche parfois avec l’ambiance de la cellule familiale.
On est dans de la poésie, donc le texte entier reste court, mais les personnages sont bien développés, les psychologies, étudiées, les émotions, senties à travers ces textes qui sont parfois des slams, parfois des extraits de journaux, la ligne entre les deux étant floue. Dans tous les cas, la voix reste percutante. Souvent très forte, Xiomara ayant l’habitude de se défendre avec l’attaque, mais aussi particulièrement vulnérable par moment, notamment dans les scènes de confrontation avec la mère (certaines font d’ailleurs frissonner). Toute sa relation avec Aman est aussi intéressante. Comment ils se rencontrent et se rapprochent, comment ils se parlent d’abord en musique, comment Xiomara lui en veut de ne pas la défendre alors qu’elle l’a toujours fait elle-même, comment elle se définit par rapport à lui.
Finalement, je ne pouvais pas rédiger ce billet sans parler de la traduction. Oui, lire la version originale est sans doute la meilleure option pour accéder directement à la musicalité du texte, mais le travail de Clémentine Beauvais est ici tout à fait réussi. Elle-même autrice de romans en vers, Clémentine Beauvais a su rendre l’intensité du texte et son sens du punch en allant chercher l’essentiel dans le propos. Chapeau!
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