À noter : le livre est paru sous le titre de Point de retour au Canada.
Zoé n’en peut plus. Il y a d’abord le salon de coiffure de sa mère, installé à même leur maison. Puis sa vie difficile avec ses parents bornés qui refusent de la croire quand elle leur parle des machinations de sa cousine manipulatrice. Sans compter qu’ils veulent aussi placer sa grand-mère dans une maison de retraite. Le fait qu’elle perde peu à peu la tête n’est pas un argument pour l’adolescente. Sa Mamie a justement d’autant plus besoin des repères que lui offre la maison des Oiseaux alors qu’elle perd la mémoire. Sauf que personne ne l’écoute. Et entre ses parents qui pensent qu’elle est une mauvaise fille et menacent de l’envoyer en pension et sa Mamie qui ne cesse de clamer que son fils disparu, Teddy, pourrait, lui, la sauver, Zoé concocte un plan…
Le prolifique auteur canadien Allan Stratton parle de famille, d’adolescence, d’Alzheimer et de résilience dans ce roman réaliste. Écrit dans une langue accessible, mais traitant de thèmes sensibles, le roman s’adresse aux lecteurs intermédiaires.
Je n’ai pas adoré tous les livres d’Allan Stratton, mais il fait partie des auteurs dont j’admire la capacité à créer des personnages authentiques, crédibles, qui donnent le ton à des récits poignants. Ici, sa Zoé m’a tout de suite plu, avec son ton dur, ses répliques assassines (notamment envers sa mère), la colère que l’on sent en elle. Et si elle peut paraitre égoïste et immature, on comprend aussi qu’elle est en réaction à quelque chose. À Madi, plus précisément, la fille de la sœur de sa mère, considérée comme parfaite alors que c’est elle qui fait tous les mauvais coups avant d’en faire porter le chapeau à Zoé. On comprend donc la source de la colère, et on se rend aussi rapidement compte que l’adolescente est une tout autre personne avec sa grand-mère, femme à laquelle elle semble tant tenir. Et c’est là le cœur du roman. Parce que cette relation entre les deux vient donner un sens au reste, parce que c’est ce qui fait que Zoé, après avoir été poussée bien au-delà de ses limites par Madi (celle-là, on la déteste tout de suite), et constatant à quel point sa grand-mère est perdue dans son centre de personnes âgées, décide de partir avec cette dernière pour retrouver son oncle Teddy, celui dont sa grand-mère parle tout le temps, mais dont elle ne sait rien.
C’est à la fois doux et violent, beau et triste. C’est l’histoire d’une famille et de ses secrets, de l’importance de se raconter les choses, de se faire confiance, de s’entraider, et ça ne finit pas si bien parce que c’est la vie. Et que la vie, parfois, glisse…
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