Le monde de Garett se limitait au domaine de son père, un pasteur à la poigne de fer qui n’hésite pas à utiliser la force physique pour faire entrer ses préceptes dans la tête de sa famille, jusqu’à ce qu’Ab Stenson débarque. Celle qu’il prend d’abord pour un homme le kidnappe, se servant de lui comme bouclier pour échapper au shérif, mais en fait c’est comme si elle le libère. À ses côtés, dans une fuite qui le mènera jusqu’à la petite ville du Wyoming où se trouve Pearl, la fille d’Ab, Garett apprend la liberté. Et alors qu’il se fait tranquillement des racines, leurs poursuivants les rattrapent. Ça tombe bien, Ab n’est pas faite pour la sédentarité.
« Désappartenir, Garett, c'est ça la vraie bataille ! »
Avec ce western décidément féministe, Marion Brunet signe un texte fort qui allie action et psychologie dans une intrigue qui ne souffre d’aucun temps mort. Pour lecteurs intermédiaires et avancés.
Western féministe ? Certainement. Parce que si Ab n’est pas de toutes les scènes et que c’est Garett le narrateur, c’est elle qui tient le devant de la scène, c’est son histoire de femme qui refuse son rôle et dérange qui se trouve au cœur du roman.
Sans foi ni loi est une grande réussite : tout y est. Il y est question de femme forte, mais le personnage principal est un garçon qu’on voit se transformer en homme au fil du récit. Il y a des duels et du sang, mais aussi de la douceur. Il y a un fil conducteur en boucle dont la finale est juste sublime. Il y a un contexte historique, le Far West américain, mais des thèmes qui le transcendent, la peur de l’autre et de la différence, le traitement des prostituées (et des femmes en général), la violence familiale et l’emprise de la religion, qui viennent interpeler notre réalité d’aujourd’hui. Il y a le style, nerveux, et le narrateur quasi omniscient tellement il semble attentif aux réactions des autres et aux détails. Il y a des personnages marquants, tant adultes qu’enfant (coucou Pearl). Et il y a un soin particulier apporté aux petits éléments qui servent à dépeindre l’ambiance du Far West, Un Ouest impitoyable dans lequel il faut se créer une caparace (et avoir de solides réflexes) si on veut survivre, mais aussi les méandres de l’esprit humain.
« La solitude c'est précieux, mais ça fait mal. Et au bout d'un moment on ne peut plus s'en passer, mais ça continue de faire mal. »
Vraiment, chapeau Marion Brunet!
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