Cent personnes sont lâchées sur une ile coupée du reste du monde pour une expérience. Chacune doit survivre dans un contexte de crise planétaire menant à la fin du monde. Certaines tentent de créer des alliances, d’autres de se cacher et attendre, et plusieurs foncent tout simplement dans le tas avec leur arsenal dans le but de tuer tout ce qui bouge afin d’être le dernier survivant.
Parmi ces participants se trouvent Perkins, Selva et Mickey. Quand leur bus-aéronef s’écrase, ces trois guerriers d’élite se séparent malgré eux dans ce monde chaotique. En tentant de se réunir, ils rencontrent une panoplie d’individus aux intentions des plus variées. De nouvelles équipes (squads) se créent, des trahisons surviennent, des tueurs fous déguisés avec leur « skin » déjanté de grenouille ou leur sac à dos de licorne se pointent à tout moment…
Mais à quoi tout cela rime-t-il?
Et avec toutes ces irrégularités, est-ce vraiment bel et bien toujours un jeu?
L’inversion des pôles – Il n’en restera qu’un est un roman français d’aventure de Guillaume Nail directement inspiré du jeu vidéo Fortnite. Il convient aux lecteurs adolescents débutants.
Quand j'ai reçu le roman, ce sont mes élèves, en reconnaissant immédiatement le style des personnages de la couverture, qui m’ont informé que je vivrais une immersion dans l’univers de Fortnite. Dans ce jeu vidéo en ligne, l’objectif ultime est d’être le seul survivant sur 100 : il faut donc tuer les autres avec son lot d’armes avant d’être tué. J’étais prévenu! Je me suis demandé, par ailleurs : le livre n’est-il qu’une babiole lucrative découlant de cet immense succès commercial?
J’ai fini par lire L’inversion des pôles plusieurs mois plus tard et après deux de mes élèves (qui m'ont dit l’avoir bien aimé, mais moins qu’ils prévoyaient.) C’est un roman hors du commun que celui-ci! Malgré de nombreux référents évidents au jeu, il était facile pour le non-initié que je suis de suivre l’histoire – à l’instar de la série Frigiel et Fluffy, également publiée par Slalom. Tout en offrant beaucoup de folie, le roman nous plonge dans l’évolution en parallèle de trois survivants aguerris habitués de tuer. L’aspect psychologique des trois personnages est assez développé et intéressant même si on s’attache peu. Chez eux, les meurtres gratuits et violents côtoient de grandes questions sur le sens de la vie. L’auteur se trompe-t-il de cible en arrêtant parfois ainsi l’action exaltante? D’un côté, ce n’est qu’un jeu; de l’autre, il faut préserver la vie et les relations humaines, se sensibiliser à la beauté du monde, faire attention à son prochain... C’est assez inusité!
Somme toute, Guillaume Nail propose un récit surprenant et bien monté, mais rempli de situations incongrues dues à l’environnement de Fortnite – qui n’est, après tout, qu’un jeu où l’on doit tuer tout le monde sans se poser de question.
Les pessimistes diront que les talents de l’auteur et les thèmes abordés ne servent qu’à légitimer le livre et le jeu; les optimistes, que le roman est une belle occasion d’amener les joueurs de Fortnite dans le monde de la littérature. Au final, je crois que les amateurs de Fortnite devraient aimer, alors que les autres resteront probablement dans la perplexité.
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