Première année. Tourterelle n’est pas son vrai nom, mais depuis qu’elle n’a pas été capable de rectifier l’information, il lui colle à la peau. Doux, léger, synonyme de chance, un prénom à son image, elle que les puissants engagent pour la chance qu’elle leur apporte. Et entre les moments où elle sert de porte-bonheur, il y a la douceur de l’amour d’Alexandre.
Deuxième année. Isolée dans la maison de campagne d’un ancien ami devenu ministre important, Tourterelle ne voit ses journées égayées que par les œuvres qu’elle brode et envoie à son hôte par le biais de coursiers. Une seule règle : ne travailler que pour lui. Dans la blancheur de l’hiver, la jeune fille se cherche, aux prises avec une mélancolie persistante.
Eve Patenaude entraine ses lecteurs dans un roman hors du temps, hors des genres aussi Tourterelle, proposant une histoire douce et brumeuse qui plaira aux grands lecteurs amateurs d’art.
Tourterelle est sans doute le meilleur exemple de la ligne « Inclassables » de ma carte de métro littéraire. Il y a d’abord ce métier surprenant de « porte-bonheur » (est-ce réel ? Est-ce une suite de coïncidence ? Comment cela fonctionne ?), puis un train aérien (Est-on dans le futur ? Est-ce que de la science-fiction ?), l’ambiance très lente de la deuxième année avec les scènes de broderie, le suspens des dernières pages où tout s’accélère, bref autant d’éléments disparates qui créent de la confusion quand vient le temps de classer le livre. De la même façon, tout au long de ma lecture je me demandais quel était le public visé. Pourquoi en jeunesse alors que les personnages sont adultes ? Le flou demeure aussi très présent dans le récit : qu’arrive-t-il aux gens que Tourterelle aide ? Pourquoi y a-t-il aussi dans l’environnement immédiat un « balancier » alors que certains meurent et que d’autres perdent tout ?
« C’était ce genre de tournant, dans une vie, qui est à la fois heureux et malheureux. […] Le genre de chose qu’il faut faire, coute que coute, envers et contre tous, particulièrement soi-même. »
Bref, j’ai beaucoup de difficulté à me faire une opinion claire sur ce livre : j’en ai apprécié la lecture, j’ai eu l’impression d’être enveloppée par l’histoire, de plonger dans la douceur, dans un univers contemplatif et j’en ai profité en acceptant de ne pas chercher de prise sur le réel, de me laisser porter par l’instant. Mais si la langue est belle, littéraire, et la construction, avec ces deux années qui alternent, efficace, je ne suis pas entièrement convaincue par cette histoire qui pose par moment plus de questions qu’elle ne donne de réponses.
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