La mort de sa mère a été soudaine. Dévastatrice. Alors que la mort de son père l’avait laissé indifférent (après tout, cet homme qui a fait tant de mal à sa mère ne mérite aucune larme), celle-ci le laisse vide. Et quand il apprend qu’elle a demandé à être enterrée près de son ex-mari, c’est la colère qui remplit tout l’espace en lui. Hors de question pour Gabriel de laisser sa mère reposer à côté de cet homme. Sa tante refuse de l’écouter et procède à l’enterrement, mais l’adolescent a un autre plan en tête. C’est ainsi qu’il construit un bolide, une caisse à roulette assez grande pour y poser un cercueil. Et, une nuit, il va déterrer sa mère pour prendre la route et lui trouver cet endroit qu’il ne connait pas encore, mais où elle sera heureuse.
Alexandre Chardin signe un roman riche en émotions et tout en justesse avec ce récit qui parle de deuil, de colère, de résilience et de bonté. Pour les lecteurs intermédiaires.
Il y a de ces livres qui arrivent juste au bon moment. Dont les histoires résonnent profondément en nous. Le cercueil à roulettes est l’un de ceux-là. Ce n’est pas nécessairement un livre pour tous, c’est assez lent, tissé dans la tristesse et la colère, c’est avant tout une histoire de deuil, de cri qui refuse de sortir, du besoin de prendre la route pour trouver sa propre vérité… et de rencontres aussi.
Parce que si Gabriel et son deuil sont au centre du récit, ce sont les rencontres tout au long du chemin (et tous ces noms qui prennent peu à peu place sur son bolide) qui font l’histoire. Des gens de passages, de ceux qui ouvrent leur porte (ou la ferme), des enfants curieux qui passent par-dessus ce qui pourrait freiner des adultes, des êtres cabossés aussi, qui se reconnaissent un peu dans Gabriel et dans sa fougue. Des adultes qui choisissent de l’aider au lieu de le freiner. Et pour l’adulte que je suis, cette façon de faire est significative. En effet, les adultes sont souvent des figures absentes ou peu présentes dans la littérature jeunesse parce qu’ils « empêchent » les aventures, les coups de tête. Et ici, les adultes sont là, mais ils comprennent que Gabriel doit aller au bout de son aventure, même si elle est étrange, dangereuse, qu’elle peut aller contre leurs valeurs. Ils le laissent être. Et au final, la route est exactement celle qu’elle devait être. Pas toujours facile, faite de chemins parfois sinueux, parfois remplis de ronces, mais c’est la route qu’il devait prendre pour arriver là où Stella devait aller.
En bref ? Un roman qui chamboule, qui bardasse son personnage comme ses lecteurs, un récit porteur sur la mort, mais aussi sur la vie, après. Sur celui qu’on devient quand on grandit. Magnifique.
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