Pipo a onze ans. Voilà donc six ans que son père l’a déposée chez Hélène, en lui promettant de revenir. Mais depuis, aucune nouvelle. Les seuls adultes que Pipo voit passer, tous les mercredis, sont les employés de SP (service aux personnes) qui viennent livrer nourriture et autres produits nécessaires à la survie de son hôtesse alors que cette dernière disparait peu à peu dans ses souvenirs. Heureusement, Pipo a de l’imagination. Beaucoup d’imagination.
L’arrivée des jumeaux Suzanne et Lou et le départ forcé d’Hélène en maison de retraite viennent toutefois chambouler son quotidien et lui ouvrir un nouvel horizon. En effet, les jumeaux connaissent le « vrai monde », ce qui est fort utile pour retrouver Sofia, la demi-sœur dont Pipo apprend l’existence en découvrant, grâce à un indice d’Hélène, le trésor de son père. Et qui sait, peut-être arrivera-t-elle aussi à retracer ce dernier ?
Avec ce roman qui prend parfois des allures de Fifi Brindacier des temps modernes, Amélie Dumoulin s’adresse aux lecteurs de neuf ans et plus mais peut aussi rejoindre les plus vieux. En effet, cette histoire qui s'adresse à tous les publics parle de l’abandon des personnes âgées, de ces adultes qui courent après des chimères en laissant des enfants derrière, de famille et de solitude, mais aussi d'aventure et d'amitié, avec un je-ne-sais-quoi qui fait que tous peuvent se sentir concernés !
Ouf, que c’est difficile de résumer Pipo ! Il faut dire que, comme son héroïne, ce livre à l’aspect un peu vieillot (couverture rigide, texte très dense sur les pages, sections délimitées par des petits titres, mais pas de chapitres) ne se laisse pas mettre dans les cases.
Il y a donc d’abord cette héroïne, qui a grandi seule et pour qui, « être avec les autres, c’est très compliqué. […] Ne pas trembler, ce ne pas péter, garder le sourire (woho, pas trop, quand même !), la tête droite, la tête froide, écouter, hocher, acquiescer, répondre, nourrir la conversation, ne pas rire en cochon, éteindre les feux du cœur lorsqu’il s’emballe… » Elle ne respecte pas les règles, Pipo, mais elle sait utiliser son cœur et de mettre de la joie dans la vie de ceux qui la côtoie.
Il y a encore Amélie Dumoulin, autrice qui ne respecte pas plus les normes habituelles et crée des univers un peu magiques, un peu décalés, où les personnages ont tous un petit je-ne-sais-quoi d’attachant (oui, oui, même le père de Pipo et ses mensonges incessants). Entre la narratrice qui s’insère dans le livre et les idées un peu folles du récit, on sent bien que l’autrice s’amuse et c’est contagieux.
Il y a ensuite les magnifiques illustrations de Todd Stewart, avec des couleurs un peu surannées, un style bien à lui qui amplifie cette impression d’être hors du temps quand on se plonge dans le récit.
Et au final, si c’est parfois complètement tiré par les cheveux, c’est le genre de livre qui commande de ne pas se poser de question et de se laisser porter, simplement, pour profiter.
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