Son père parti à la guerre, sa mère devant à son tour travailler, Louise est amenée chez son pépé Léon, un homme qui habite loin de tout et qu’on lui a décrit comme « un peu dingue ». Apeurée au départ, la jeune fille apprivoise pourtant rapidement ce grand homme discret, amoureux de la nature, inventeur à ses heures. À ses côtés, elle apprend à observer le scintillement des feuilles, à savourer l’odeur du linge qui sèche au soleil, à parler aux oiseaux. Elle rencontre aussi Gaspard, au détour d’une chaise devenue balançoire, et découvre la photographie, capturant la beauté des petites choses. Et heureusement, parce que la guerre pourrait bien détruire les paysages…
Le parfum des grandes vacances est un de ces albums qui possèdent plusieurs niveaux de lecture et peut offrir un doux moment aux plus jeunes, mais révèle toute sa profondeur aux lecteurs plus âgés qui sauront s’attarder aux non-dits, comprendre les inférences, placer le texte dans un contexte plus large et faire le lien entre les images, comme autant de tableaux, et ce qui est raconté.
Oh quelle belle découverte que cet album ! Il y a d’abord la rencontre des illustrations, splendides, qu’on se prend à observer longtemps et dont les couleurs chaudes magnifient le réel, le montrent via le regard de Louise, guidé par pépé. Avec de grandes pages pleines, ces images nous entrainent directement dans l’univers évoqué alors que les petits encarts photographiques prennent tout leur sens à la fin.
« Pépé Léon faisait partie de ces gens qui aimeraient que rien ne change jamais. Qui ne veulent pas refaire le monde, juste vivre au milieu et l’écouter respirer. »
Puis il y a la langue douce et des phrases ciselées, évocatrices, alors que la narratrice remonte le fil de son histoire en nous racontant la pelote de laine qui se dévide sans trop savoir elle-même où en est le début. À travers le récit, Thibault Prugne parle des relations que l’on tisse soigneusement et des univers que celles-ci nous ouvrent, de transmission et d’amour aussi, même si « les grandes personnes pensent que les amours d’été n’ont pas d’importance, que le coeur des enfants est ainsi fait que l’amour s’en échappe aussi vite qu’il y est entré. » En filigranes (puisque Pépé semble s’être créé le temps de cet été un monde où elle n’existe pas), il y a aussi la guerre et ses conséquences, le tout menant vers une chute aussi triste que belle, que les plus éveillés pourront voir venir en amont. Parce qu’il y a la beauté de la description du quotidien, des paysages, mais aussi de multiples inférences dans le texte qui permettent de situer ce que raconte Louise dans un contexte plus large.
En bref ? Un bijou, tant dans le fond que dans la forme, un album qui respire la mélancolie et qui nous porte à observer, savourer la nature qui nous entoure et à profiter des moments partagés avec nos proches.
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