Ocean City tome 1 – Chaque seconde compte

 
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Jean-François Tremblay a apprécié ce livre
Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant

Dans un monde futuriste, la terre ferme est désertée. Les privilégiés vivent sur des villes flottantes, comme Ocean City. Dans cette mégapole, le temps est devenu une véritable obsession, à tel point qu'il agit comme monnaie virtuelle. Tout vaut du temps. Tout coute du temps.

Jackson, Crockie et Henk ont la chance d'aller au prestigieux lycée Clark Kellington High School. Parmi l'élite étudiante qu'elle forme sont recrutés les futurs leaders de la société. Pourtant, ces trois amis n’entrent pas du tout dans le moule. Plutôt rebelles et prônant la valeur inestimable du temps perdu, ils vont jusqu'à inventer et activer un transpondeur qui leur permettrait de virer dans leur « compte bancaire » une somme de temps vertigineuse! Lorsque Crockie décide de l'activer en cachette, le destin du trio bascule...

Un matin, alors que Jackson se rend à l'école avec Crockie, des agents secrets de la Section Z viennent les contrôler sans ménagement. L'altercation dégénère. Les policiers ouvrent le feu et atteignent Crockie, qui est récupéré, inconscient – mort? –, par des ambulanciers. Que cache cette intervention plus que musclée? Jackson, qui a réussi à fuir, est dès lors sur ses gardes et tente de cacher les indices pouvant mener ses poursuivants au transpondeur. Le tout prend des proportions insensées, les plus hautes instances d'Ocean City s'intéressant à l'affaire. À qui peut-il faire confiance dans un monde où tout individu est tracé jour et nuit?

Ocean City est le premier tome d'une trilogie paru originellement en Allemagne en 2018. Alliant le suspens et le roman d'enquête à la dystopie, il aborde entre autres les thèmes de l'environnement, de la liberté, du pouvoir et des inégalités sociales. De par sa complexité et son vocabulaire plus recherché, le livre convient aux lecteurs avancés de plus de 12 ans.

Mon avis

Ce qui distingue Ocean City des autres dystopies pour la jeunesse est principalement le concept de temps, indubitable obsession de cette société post-apocalyptique. L'idée est charmante, et on sent qu'elle sert de véhicule efficace à la critique sociale que l'auteur souhaite passer : on travaille pour gagner du temps, mais on utilise tout son temps pour travailler. En bout de ligne, les habitants tentent d'être heureux avec quelques semaines de vacances par année, les plus pauvres, les miséreux et les exclus enviant les riches qui possèdent plus de temps dans leur compte. Il est intéressant de constater l'évolution de la remise en question du système par Jackson. Toutefois, j'ai été déçu par les retombées limitées de cette idée pourtant prometteuse. Au final, les minutes bancaires agissent exactement au même titre que des dollars ou des euros, et on ne sait pas trop comment les citoyens rêvent d'utiliser leur temps libre – en fait, avoir du temps libre parait plutôt comme un scandaleux tabou!

Si l'idée du temps manque un peu de fignolage, il en va autrement des rouages de la société d'Ocean City. L'auteur n'est pas avare en détails, ce qui permet au lecteur de bien se représenter ce monde fictif et d'y croire. Cependant, j'ai trouvé que ces informations, très nombreuses, pertubent trop souvent le rythme de l'histoire. Bien que l'action démarre dès la page 1 avec l'interpellation de Jackie et Crockie par des agents secrets, la première moitié du livre finit par devenir lourde en explications. Heureusement, l'intrigue, complexe, finit par récompenser le lecteur lors de la seconde partie du roman, où le suspens est plus rythmé, et lors de sa fin, formidable feu d'artifice.

Par exemple, dans les premiers chapitres, on nous présente les coulisses du pouvoir de la cité flottante. On y est un peu perdus! Néanmoins, plus tard, cette meilleure compréhension nous permet de voir comment certains se font rouler par d'autres et comment chacun essaie de tirer son épingle du jeu. Je pense surtout à l'inspecteur Di Gallo. Ce brillant détective sent son enquête coincée et manipulée par les agents secrets et la cheffe principale d'Ocean City, Lydia Tremont. Ce policier est l'exemple typique du personnage mystérieux, dont on ignore jusqu'à la fin les véritables motivations et l’allégeance. Je termine en soulignant l'intérêt que suscite le trio d'adolescents chez lequel les intentions demeurent souvent aussi floues que celles du détective – merci à la narration omnisciente efficace.

En bref, Ocean City est un roman dystopique qui, bien qu'un peu confondant et ennuyant au début, mérite qu'on y accorde du temps. La finale m'a d'ailleurs convaincu de lire le prochain tome, qui est annoncé pour ce mois-ci.

Merci aux éditions Hachette pour le roman!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Jean-François Tremblay le 5 juillet 2020.

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Ocean City tome 1 – Chaque seconde compte
R.T. Acron
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