Chaque alpiniste s’attaque au mont Everest pour une raison différente. Le dépassement de soi, l’adrénaline, le défi, la volonté de monter les plus hauts sommets de chaque continent… À 15 ans, Mallory veut, elle, partager cette aventure avec son père, celui qu’elle considère comme son pilier l’ayant initiée très tôt à l’alpinisme. Ensemble, ils ont déjà affronté de nombreuses montagnes, mais l’Everest est autre chose. Les conditions physiques, l’effort mental, la popularité aussi de ce sommet font en sorte que l’expédition est dangereuse, incertaine jusqu’à la fin. Et pour atteindre son but, l’adolescente devra apprivoiser le froid et la douleur et la culture des locaux, mais elle devra aussi et surtout trouver en elle-même ce qui fait qu’elle veut vraiment se rendre là, tout là-haut, à 8848 mètres.
Avec ce roman, Silène Edgar met en scène une héroïne qui dépasse ses limites et raconte la difficile montée de l’Everest, mais pas que. Au fil des pages, alors que s’entremêlent conversations téléphoniques, narration plus traditionnelle et articles de journaux, elle parle aussi de l’impact du tourisme sur le sommet, de réchauffement climatique et de pollution. Pour tous les lecteurs.
Il y a de chouettes éléments dans ce roman initiatique qui nous donne un aperçu vraiment intéressant de ce que l’atteinte du sommet du Qomolangma signifie. Si nous n’en ressentons pas physiquement les troubles, Silène Edgar fait un remarquable travail de description pour nous faire comprendre tout ce qui se joue, tant sur le plan physique qu’émotionnel, quand un alpiniste arrive à une telle hauteur. Elle n’épargne pas non plus les détails bien réels qui font que cette expérience n’est pas que belle : difficulté à vivre en groupe aussi longtemps, pollution engendrée par les montées (le personnage d’Aurélie, Française vivant à Lhassa depuis 20 ans et faisant un travail de nettoyage important avec l’organisme Clean Everest est d’ailleurs inspiré de la cousine de l’autrice), conditions de travail des locaux, cadavres de ceux qui jalonnent la route, etc. En effet, il faut vraiment vouloir pour se rendre tout en haut ! Ce besoin de plonger au fond de soi pour accomplir ses rêves permet d’ailleurs à Silège Edgar d’aborder différents concepts bouddhistes au fil du récit etd’informer ses lecteurs tout en les dépaysant.
Il y a donc beaucoup de positif dans cette lecture, mais je suis restée un peu sur ma faim parce que je n’ai jamais réussi à m’attacher à Mallory. L’adolescente est secrète, renfermée, revêche au départ. On comprend bien qu’elle doit faire face à plusieurs adultes qui doutent de sa capacité à atteindre le sommet et ont peur qu’elle les ralentisse, mais même quand elle est seule, quand elle est avec son père, quand elle parle avec sa mère ou sa meilleure amie, on ne sent vraiment son caractère, on ne découvre qui elle est. En fait, les seuls moments où elle semble sortir de sa carapace, c’est quand elle croise le chemin d’Aurélie, une autre solitaire, mais cela se produit rarement. J’ai donc terminé ma lecture en ayant l’impression d’avoir appris sur tout le processus entourant la montée de l’Everest, mais ce n’est pas un roman qui m’a touchée comme ça aurait pu.
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