À l’aube de son secondaire 5, Pierre se cherche. Il est différent, indéniablement. D’abord parce qu’il est gay, ensuite parce qu’il vit sur une ferme. La seule personne avec laquelle il se sent bien, il peut être lui-même, est sa sœur, Jen. Mais cette dernière a quitté la maison familiale et Pierre est seul face au destin qu’a tracé pour lui son père. Des études collégiales en agronomie tout près afin de pouvoir continuer à travailler sur la ferme, avec ses vaches, et puis la reprise de l’entreprise familiale. Mais devant l’absence de choix, Pierre se sent pris, il étouffe. Et cherche une porte de sortie.
Avec ce récit construit comme une sorte de journal intime constitué de courts textes relatant le quotidien de Pierre tout au long d’une année, Mélanie Grenier aborde le thème du poids de la tradition dans les familles d’agriculteurs et de la difficulté d’être soi-même. Accessible à tous, le roman vise les lecteurs plus âgés.
C’est une œuvre atypique que celle-ci, inégale par moment, mais intéressante à la fois dans sa forme et dans son contenu. Il faut s’habituer au départ aux courts textes qui se suivent, d’abord pour placer le cadre familial, puis qui s’échelonnent tout au long de l’année scolaire, présentant le quotidien de Pierre à la fois à l’école et à la ferme, ses gestes, ses pensées, ses ambitions, ses désirs. C’est à la fois long et court, certains passages étant délibérément plus descriptifs et plus ancrés dans le temps alors qu’à d’autres moments tout semble aller très vite. On comprend tout de même bien que Pierre se cherche, à la fois dans ce qu’il est, dans son attirance pour les garçons, et dans ce qu’il veut devenir. Ce n’est pas qu’il n’aime pas la ferme (on voit bien d’ailleurs son attachement pour les vaches), mais l’absence de choix obscurcit tout. Si sa réalité peut être loin de celle du lecteur, l’émotion passe toutefois très bien même si j’aurais aimé que certains passages soient davantage poussés, notamment en ce qui a trait à l’homosexualité de Pierre, au regard des autres à l’école, à la réaction de celui qu’il finit par fuir parce qu’il ne correspond pas à ce qu’il espérait.
Côté écriture, c’est de façon générale très accessible, avec l’utilisation d’une langue presque parlée. Certains passages m’ont quant à eux fait penser à du slam quand le propos cogne, que les mots s’entrechoquent, qu’on joue avec leur sonorité. C’est d’ailleurs ce que j’ai préféré, mais ils sont plus présents au début et disparaissent ensuite dans une langue plus narrative, habituelle. C’est un roman inégal, donc, mais intéressant et différent. Lirez-vous ?
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